Chère Gaëlle-Marie
Hier, tu es mal tombée. Tu as bien dû le voir quand je t’ai ouvert la porte : ma joie était un peu feinte.
Et pourtant, ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vue, et l’idée de passer une soirée avec toi, à nous remémorer cette époque où nous étions copains comme cochons, aurait dû me réjouir. C’est pas tous les jours qu’on retrouve sa meilleure amie, quand même.
Alors il est clair que si tu étais venue la semaine dernière, je t’aurais ouvert la porte en grand, j’aurais sorti une des meilleures bouteilles de ma cave – qui abrite des trucs pas dégueu, tu le sais -, et j’aurais mitonné un petit plat en t’écoutant raconter ce que tu es devenue, et on aurait refait le monde, comme avant, pendant toute la nuit, comme du temps où on était jeunes et idéalistes.
Mais là, non. C’était pas le jour.
C’est pas que je ne pouvais pas t’accueillir, note bien : le vin était à la cave, le frigo était plein, le canapé n’attendait que nous. J’avais même des cornichons dans le frigo, ce qui ne m’arrive jamais ; et tu adores les cornichons. Tout était prêt.
Pas moi. Hier, j’avais prévu de me faire des pâtes, un bon gros plat de pâtes, et de le manger devant la télé avec une bière. Hier, il y avait le Père Noël est une ordure sur la 2. Je l’aurais volontiers regardé une 259e fois, parce qu’on s’en lasse pas. J’avais prévu de me refaire une soirée comme du temps où on était étudiants, toi et moi… mais sans toi. T’étais pas prévue, c’est tout. Et tu es venue bouleverser cette routine, ce confort apaisant. Certes pas très brillant ni exaltant, mais que j’aime bien, qui me rassure.
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C’est pour ça que, à peine t’étais-tu assise sur mon canapé, je t’ai foutu ce coup de casserole sur la tête, puis t’ai descendue à la cave. Et je t’ai laissée là, dans un coin, près des ces bouteilles qu’on aurait dû boire ensemble.
Fallait pas venir hier, j’étais pas prêt. Maintenant, il est probable que quelqu’un va s’inquiéter de ton absence, que la police va commencer à te chercher, qu’ils finiront par te trouver, et que je finirai en taule.
Tant pis, si c’est le prix à payer pour mon confort d’hier soir, je l’accepte.
Adieu, chère Gaëlle-Marie.
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Si vous n’avez pas compris cet article, c’est normal. Pour comprendre, il faut cliquer sur le lien, c’est mieux.
Jute pour ceux qui ne comprendraient pas le pourquoi de cet article : il y a un lien cliquable à la fin. Ça aide.
Moralité : Pensez à) passer un coup de fil avant de passer…
Ah, une fable, ça, c’est bien. J’aime bien, les fables. Une fable juste comme il faut. Un bon parallèle absurde éclairant la question tout comme il faut.
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Sauvons notre confort, merde !!
Une fable ?
J’aurais pourtant juré que c’était une lettre…
heureusement, le lien ! Autrement, il faut s’accrocher ! Mais c’est le but
Oui, belle fable, me voilà ému. En somme, une IVG de confort rétroactive.
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Quelle horreur.
Conseil: monte la plutôt au grenier elle séchera plus vite et dégagera moins d’odeur, quand elle sera lyophilisée elle aura perdu bonne une vingtaine de kg et sera plus apte au transport, pour son dernier voyage …vers la Vire.
J’dis ça j’dis rien ….. mais j’en pense pas moins
Aide à un criminel, ça vous mènera loin mon gaillard…
Mais merci, je note. Pour la suivante 😉
Que les femmes ne comptent pas sur moi pour venir les aider à charcuter la vie en elles … Plutôt les voir mourir … désolé …
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Bonjour,
Toujours aussi plaisant à lire même si je trouve qu’il manque au moins deux versions.
Une où vous vous seriez forcé à l’accueillir et finalement après une soirée où elle se serait sentie comme une étrangère indésirable, elle serait repartie déçue et déprimée et vos relations n’auraient plus jamais été les mêmes.
Et une où elle arrive avec son baluchon et vive à vos crochets pendant 20 ans.
Je pense que la réponse aurait été beaucoup plus complète.
Tiens? Le texte est de fev 2012, je ne sais comment j’ai atterris dessus, j’étais sur sept 2013…
J’ai fait un lien vers cet article dans un de mes derniers, ça prouve que vous cliquez sur les liens 😉 Ça me rassure, je me demandais si ça servait à quelque chose que je continue à en mettre…
Le problème dans les deux versions que vous me proposez, c’est que les deux supposent a priori que je suis trop égoïste pour accepter de bousculer mon emploi du temps et mon mode de vie pour quelqu’un que j’aime. Parce que c’est une amie, ce qui implique logiquement que je l’aime. Et en l’occurrence, c’est une amie que j’aime plus que quiconque. Je ne crois pas être égoïste à ce point, et je ne peux me résoudre à penser que vous puissiez l’être.
Et les deux oublient également que la relation n’est pas à sens unique : personne ne vient vivre à mon crochet, ce genre de relation n’existe pas. Il y a un échange entre deux êtres humains, qui implique nécessairement que ce que l’un donne à l’autre, il le reçoit en retour.
Voilà, avec ces éléments là, on pourra peut-être écrire vos deux versions, et la réponse sera effectivement beaucoup plus complète.
Pour ma part, je suis les liens. Ca me permet de mieux suivre et comprendre le sujet.
Et puis certains sujets ont une évolution dans votre façon de penser, cela double l’intérêt.
Mais revenons au mouton noir.
Crotte!! Je suis déçu.
Le fait de ne pas être suffisamment égoïste dans les 2 situations proposées fait tomber à l’eau le raisonnement de ce joli premier conte.
Et puis tuer avec une casserole, franchement, quel manque de tact envers une femme, c’est la porte ouverte aux clichés féministes, ça. Mais l’image est vraiment amusante.
Bref, tant pis.
Vous faites bien, vous faites bien 🙂
L’égoïsme était en effet la base de ce premier conte, mais celui-ci ne parle justement pas de moi, mais bien de Gaëlle-Marie. Or vous vouliez que j’écrive les deux suivants en parlant de moi, cette fois. Ça ne pouvait donc plus fonctionner.
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