C’est vrai : je n’ai pas un boulot facile.
Choisir d’être journaliste, c’est prendre le risque d’avoir l’impression de n’être qu’un témoin des événements, et de ne jamais en faire partie. L’impression de n’être parfois qu’un miroir, qu’on balade le long de la vie sans qu’il ne change jamais le cours des choses.
Mon boulot, secrétaire de rédaction – qui consiste en gros à corriger les fautes des autres -, c’est encore pire : on est le témoin de gens qui témoignent. Autant le journaliste peut choisir de quoi il va parler, ce qui est déjà un engagement, autant moi je ne peux guère que choisir de mettre ou non une virgule de plus ou de moins dans telle ou telle phrase. Ça fait léger, comme engagement.
Parfois, c’est un peu pesant.
Et puis parfois…
Chaque semaine, je corrige les états-civils qui seront diffusés dans chacune de mes 7 éditions : deux listes de noms, ceux des nouveaux-nés de la semaine, et ceux des défunts. En général, la première est un peu plus longue que la seconde, sauf dans une édition en particulier. Une ville de vieux.
Autant dire que ce n’est pas spécialement passionnant à corriger, et que le plus souvent je ne fais que le survoler : y aurait-il une faute dans un nom de famille que je ne pourrais même pas le savoir. Et parfois, dans les prénoms, on se demande, tant on lit des trucs qui ressemblent plus à un nom d’équipe de football du Biafrogalistan inférieur qu’à un prénom normand.
Et pourtant, aujourd’hui, en faisant semblant de lire l’un de ces papiers, voilà-t-y pas que je me suis mis à sourire bêtement devant mon écran : mon œil s’était arrêté sur un nom que je connais. Ou devrais-je dire sur le nom de personnes que je connais : des amis de mes parents qui ont eu leur deuxième, après avoir attendu le premier de très longues années.
Lire ce prénom et ce nom m’a fait partager un court instant – parce qu’il y a du taff, quand même – la joie de ce couple, que je sais être immense.
Et également anticiper un peu sur celle qui, je l’espère, sera bientôt la mienne, quand je lirai le nom d’un petit ou d’une petite Fikmonskov dans l’état-civil de chez moi.
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Alors c’est décidé, à partir d’aujourd’hui, je lirai chacun de ces états-civils en m’arrêtant un court instant sur chacun de ces noms, et en louant Dieu à chaque fois, rapidement – parce qu’il y a du taff, quand même -, pour cette vie qui vient de commencer et dont j’ai la chance d’être informé.
Parce qu’il y a des choses dont il est doux d’être témoin, parfois.
Salopiot ! Vous m’avez fait sourire malgré moi. Un exploit dont je vous interdis de vous vanter. Non mais sans blague !
1er paragraphe : il n’y a pas comme du Stendhal là dedans ?
On a quand même beaucoup plus de satisfactions avec un labrador qu’avec un gosse…
Je pense qu’acheter un labrador est en soi moins agréable que faire un gosse.
Mais il est vrai que parfois, quand je vois le bonheur que semblent avoir certains à acheter – pas à acheter des choses cool, juste à acheter -, je me demande si je ne suis pas encore le seul à le penser…
J’ai un chiot de dix mois à la maison (qui a du sang de labrador) et je suis à peu près sûre que le jour où j’aurais des enfants et qu’ils auront dix mois, ils ravageront moins mon appartement que ma chienne. Et puis j’éviterai de les faire dormir sur le balcon, eux.
De plus, Fik, je me vois obligée de te corriger: on « n’achète » pas un chien. En théorie du moins. On l’adopte, même si, c’est vrai, on débourse de l’argent pour cela.
Mais non, tu n’es pas le seul à le penser. Si ça peut te rassurer.
Chère Alice, j’avoue avoir du mal à regretter mon écart verbal : pour moi, on adopte un enfant, on achète un animal. Ça ne change rien au fait que j’aime beaucoup les chiens – si ma future ne les détestait pas tant, j’en achèterais [ 😉 ] probablement un un jour -, et que je sais qu’il peut y avoir une certaines forme d’amour entre un chien et son maître, mais non, je ne peux pas utiliser le même mot pour un enfant et pour un chien.
Désolé, un peu 😉
Sympa ! Ça change ;o)
« … des amis de mes parents qui ont eu leur deuxième [enfant], après avoir attendu le premier de très longues années. »
De manière générale, c’est 9 mois.
Un enfant, j’en sais rien, mais 12 agneaux, 4 chevreaux, 1 veau et 1 ânon, ben ça fait quelque chose. Surtout quand on sait qu’on part tout bientôt, et qu’on ne les verra pas grandir.
Ah, tu fais bien de m’y faire penser. Avant de partir, baluchon sur le dos, ajouter dans ma liste de préparatifs : trouver un chien (si possible, un épagneul breton -j’en suis fou), comme compagnon de route loyal et fidèle.
Ou une femme, tiens… Pas bête.
Faire un enfant est agréable, certes, du moins la phase théorique (c’est après que ça se gatte…), cependant, je préfère de loin mes deux filles (oui, mes chiennes sont comme mes enfants) à des petits humains, mon coté BB surement…
Les animaux ne sont pas des ingrats, comme ces saloperies de gosses, je le sais, je l’ai été…
Mais il s’agit probablement d’un débat stérile, il y a ceux qui mettent les animaux sur le même plan que les humains (voire plus haut) et les autres, il ne m’appartient pas d’en juger, quand bien même j’ai déjà fait mon choix.
PMalo, si tu veux un compagnon fidèle, choisis l’épagneul 😉 (Très bon choix, l’épagneul, d’ailleurs. Je ferais le même, c’est dire…) Même si l’épagneul a moins de mérite à être fidèle toute sa vie : elle est beaucoup plus courte, trop facile.
Simone (ou Suzanne, mais bon, c’est quasi-pareil, non ?) : Si c’est théorique, j’ai du mal à voir en quoi ça peut être agréable.
Ah l’épagneul, très bon choix effectivement! La bonne taille et le bon caractère!
Néanmoins Fik, moi je dirais « adopter » pour un être vivant et « acheter » pour un objet. Par contre, on éduque un enfant alors qu’on dresse un chien… Mais je comprends la distinction que tu fais, car contrairement à The Lemur/Suzanne, ma chienne n’est pas comme mon enfant. Elle est comme… Ma chienne.
Fik, je ne sais pas où mettre ça, donc je le mets là.
Voilà un début de réflexions (à suivre) parues sur le site Liberté Politique (d’ordinaire plutôt libéral-conservateur (attention à l’oxymore !), signe des temps ?) à propos de politique.
Faites gaffe, ça peut en décoiffer certains qui n’ont pas l’habitude de voir les choses un peu… différemment. Ça change du flon-flon pré-électoral habituel, quoi.
http://www.libertepolitique.com/L-information/Editorial/INDIGNONS-NOUS
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/Les-Indignes-qui-sommes-nous
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/L-ecologie-humaine-dans-ses-implications-ultimes-sobriete-solidarite-respect-de-la-vie
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/L-objection-de-croissance-nouvel-horizon-des-chretiens-en-politique-1ere-partie
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/L-objection-de-croissance-nouvel-horizon-des-chretiens-en-politique-seconde-partie
http://www.libertepolitique.com/L-information/Editorial/Reformer-quoi
http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/Remettre-en-place-des-circuits-economiques-les-plus-courts-possibles.
N’hésitez pas à faire circuler, hein.
A bientôt.
Bel éloge du faire-part ! Merci
Merci à vous 🙂