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Charlie sheen devient dingue, Kandahar-sur-Glane, La guerre c'est moche, Les Bisounours en Afghanistan
Un Marine est devenu dingue et a buté un village entier avant de se rendre. Encore une fois, comme à chaque fois sur ce genre de sujet, les réactions sont grotesques : on s’étonne qu’un homme puisse faire ce genre de choses, qu’un soldat puisse en arriver à zigouiller dans leur sommeil des femmes et des enfants.
Ridicule.
Les gars, vous n’avez jamais regardé Platoon ? La scène de la destruction du village à proximité duquel les Marines (encore eux) [On m’informe en fait qu’il s’agit « de biffin de la 25 division d’infanterie US », et donc pas de Marines…] retrouvent un de leur camarade torturé à mort, ça ne vous dit rien ? L’état de Charlie Sheen, pourtant volontaire pour le Nam, et loin d’être un fondu dingue de sang, lui, contrairement à certains de ses potes qui auraient bien voulu ne laisser que des cadavres, ça ne vous rappelle rien ?
Et Oradour ? Ah non, là c’était des SS, c’est pas pareil… Et pourtant, si, exactement : quand l’ennemi, après avoir buté votre meilleur camarade dans une embuscade, n’a qu’à planquer son fusil et empoigner sa faux pour ne plus être reconnaissable ; quand le moindre gamin qui vous vend des DVD (Cf. le film Démineurs) va peut-être le soir-même donner à l’ennemi des informations sur votre système de défense ; quand la femme que vous croisez dans la rue est peut-être celle qui cache et accueille le type qui, la veille, a posé une bombe qui a tué dix de vos collègues… Alors forcément, un jour, le paysan qui passe, le gamin qui veut jouer au foot ou la femme qui va faire son marché semble vouloir vous faire la peau.
Et alors on se retrouve avec un village incendié, des femmes et des enfants tués dans leur sommeil. Et on n’a pas le droit d’être assez faux-cul pour s’en étonner.
Pour être tout à fait complet sur le sujet, il faudrait évoquer le niveau culturel de nos chers alliés qui leur pose quand même un souci dès qu’ils sont en-dehors de chez eux (Justin Bieber qui ne sait pas où est l’Europe et un officier qui brûle des Corans sans savoir ce qu’ils représentent, pour moi c’est kif-kif). Il faudrait parler aussi de la façon très particulière qu’ont les Américains de se comporter en pays conquis. Les Français, par exemple, ont la réputation de nouer de meilleurs liens avec la population…
Enfin il ne faut pas croire que nous sommes à l’abri d’un truc pareil ! Evidemment que rallonger les mandats ça coûte moins cher au contribuable, mais personne ne parle du danger de passer toutes les OPEX sur le format Afgha (6 mois), et l’on a même parlé un moment de rallonger la durée des mandats afghans à 8 mois ! Lorsqu’on voit comment rentrent des gens pourtant très équilibrés, intellectuellement armés et préparés pour ce théâtre, on ne s’étonne pas de ce genre de drames. La vie là-bas, ça marque, ça blesse, ça transforme à jamais.
C’est tellement vrai malheureusement, mais c’est aussi tellement facile de juger du fond de son canapé ou derrière un bureau.
Cet article est la suite de celui-ci : https://fikmonskov.wordpress.com/2012/01/19/lart-delicat-de-louvrir-sur-un-sujet-dont-on-ne-sait-rien-pour-gueuler-sur-les-gens-qui-louvrent-sans-savoir/
Où je dis justement que nous sommes mal placés pour juger ces hommes.
C’est assez amusant de constater que nous reproduisons les mêmes schémas depuis 1946, nous autres occidentaux évolués (comment ça ironique?), demandant une guerre propre, demandant à nos soldats d’être impeccables et de voir leurs frères d’armes tués sous leurs yeux au nom de cette « respectabilité »…
Ainsi, on a craché sur les soldats d’Indochine, sur le 1er BEP, sur Bigeard, on a craché sur les GI’s au Vietnam, sans jamais se poser la question de ce qui les avait menés à de tels réactions.
Sur le sujet, il me semble que les meilleurs films sont Apocalypse Now et Now Limit/Unthinkable (on le trouve sous les deux titres), quand bien même le second ,ne doit être vu que comme une extension de mon propos premier.
c’est vrai que Platoon c’est la vrai vie …
C’est vrai que Platoon a été écrit par un vétéran du Vietnam, et donc qu’il a évidemment tout inventé de A à Z, sans s’inspirer une seule seconde de son expérience.
Simone, ça participe en effet du même mouvement : la guerre doit être propre, et donc le soldat aussi. Or c’est impossible, donc on déteste le soldat parce qu’il ne répond pas à notre obsession de propreté.
Arrêtons de parler de « guerre propre », et on pourra recommencer à aimer nos soldats.
J’essaierai de trouver No Limit, dont je n’ai jamais entendu parler…
C’est un film direct to DVD, avec l’excellent Samuel L Jackson, très bien réalisé, mais probablement trop cru pour le grand public, une amie n’a pas pu le finir. C’est pour ça qu’il est, à mon sens, un très bon film.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=124740.html
Le jour où les occidentaux comprendront que la guerre ne se gagne pas avec des bombes, mais avec une présence humaine forte, maniant la terreur contre ses ennemis et la bonté avec ses amis, alors nous pourront lutter à armes égales contre les guérilleros.
Votre billet me rappelle un article lu dans un très vieux numéro d’Historia ou d’Historama. C’était un témoignage sur les débuts de l’occupation française en Allemagne en 1945. L’auteur décrivait les suites de l’attaque sur une sentinelle française. Branle-bas et perquisitions jusqu’au moment où sa patrouille arrive dans un appartement et qu’une jeune femme veut manifestement empêcher les soldats français d’entrer dans une pièce. L ambiance est d’autant plus sombre que sur un meuble trône la photo d’un officier allemand barrée d’un ruban noir. Naturellement la patrouille force la porte. Elle déboule dans une chambre avec une bougie en veilleuse dans laquelle le cadavre d’un jeune garçon repose sur le lit.
Dans son souvenir, cet auteur se rappelle de la rage qui retombe à ce moment là et de la décision qu’il prend d’arrêter ses recherches. Il enchaîne ensuite en évoquant la tentation des représailles: commencer par quelques fusillades, poursuivre en pendant une centaine de personnes au balcon (Tulle) puis en massacrant un village (Oradour) et finit par remercier ce jeune allemand et à sa famille de lui avoir permis de faire tomber sa soif de vengeance.
Dans le cas afghan que vous évoquez, il y a sûrement manqué cette possibilité d’apaisement.
Les spécialistes ont un nom pour cela, « la guerre asymétrique ».
D’un côté une armée moderne et régulière, de l’autre des résistants (appelés terroristes par leurs adversaires).
ça se termine toujours de la même manière. Par des massacres et des pétages de plomb.
Le coupable ne se souvient de rien. 20minutes s’inquiète : « Va-t-il plaider la folie passagère ? » Pourquoi, ça serait si incroyable ?
http://www.20minutes.fr/monde/afghanistan/901003-massacre-villageois-afghanistan-sergent-bales-aucun-souvenir
Toutes ces saloperies, parce que ce sont bien des saloperies, arrivent parce qu’un jour de juillet 1789 des apprentis sorciers ont inventé le concept de nation et de ce fait la guerre totale où une armée ne se bat plus contre une autre armée, mais où deux pays, deux peuples s’affrontent.
http://www.lefigaro.fr/international/2012/04/18/01003-20120418ARTFIG00614-afghanistan-nouveau-scandale-pour-l-armee-americaine.php
Et ça continue.
@NAIF
Je ne crois pas que le concept de nation ait grand chose à voir avec ce qui se passe en Afghanistan.
une armée c’est fait pour faire la guerre et on fait la guerre pour la gagner.
La guerre doit être autant que possible brève donc extrêmement violente.à la fois pour décourager l’ennemi et pour le briser.
A partir du moment où une guerre ne dit pas son nom, que l’on demande aux soldats de ne pas tuer ou alors un peu ou encore dans le cadre de règles complexes négociées entre diplomates dans l’ambiance feutrée des salons comment s’étonner que ça déraille. La question qu’on devrait se poser c’est pourquoi si peu de « bavures » ?
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