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Idéaux et débats, Nicolas Sarkozy ou François Hollande, Qu'on soit de gauche ou de droite on est hémiplégique
Même les plus ermites d’entre vous le savent : hier s’est tenu le grand débat entre les deux candidats présents au second tour de l’élection présidentielle, François Hollande et Nicolas Sarkozy. N’ayant pu sortir de mon boulot assez tôt pour aller plutôt faire un tennis, comme prévu, j’en ai regardé un petit bout, entre deux gorgées de bière et deux parties de billard.
N’ayant donc écouté que d’une oreille distraite et fatiguée, je serais bien en peine d’analyser le fond de ce qui fut dit. Et puis d’autres le font bien mieux que je ne saurais le faire. En revanche, quelques détails visuels m’ont semblé intéressant à analyser. Rapidement, parce que j’imagine que cette campagne vous gonfle autant que moi.
On constate – bien que ça n’apparaisse pas de façon aussi flagrante sur cette image qu’à l’écran – que la posture des deux candidats n’est pas la même : le siège de Sarko semble être un peu plus haut. Pas d’attaque sur sa taille : Flamby n’est pas non plus un géant. J’y vois plutôt une volonté de Sarko de ne pas être bloqué par la table, de ne pas la laisser faire obstacle entre lui et son adversaire. Et dans le débat, il était donc plus facilement penché en avant, tendu vers son adversaire, ou le spectateur.
Une attitude volontaire, voire volontariste, qui contrastait avec celle de Flamby, assis un peu plus bas, ce qui l’obligeait à se hausser sur la pointe des fesses – si j’ose dire – pour s’adresser à son adversaire. D’ailleurs, Flamby avait plus souvent les avant-bras posés sur la table, quand Sarko n’y posait que les mains. Les gestes du président sortant étaient donc plus vifs que ceux de son challenger, qui devait lui soulever entièrement ses bras à chaque tentative de mouvement.
Nous avons donc vu un candidat se mettre d’entrée de jeu en position d’aller de l’avant, de poser des gestes rapides et vifs et de regarder les choses avec une vue d’ensemble. Tandis que l’autre se mettait d’emblée en position défensive, accumulant les obstacles sur sa route, de façon plus sécurisée, certes, mais qui pourrait bien l’empêcher d’avancer.
Les deux hommes se sont aussi démarqués sur leur façon de porter la veste : Flamby la porte fermée, ce qui lui donne un air un rien guindé, coincé même. Comme si le fait de fermer sa veste pouvait le protéger des attaques de son concurrent. Là encore, on le sent peu sûr de lui, alors qu’en face, Sarko a commencé le débat avec la veste déjà ouverte. Une façon de montrer qu’il s’expose volontiers aux critiques de son adversaire, et également qu’il n’est pas un bureaucrate derrière son bureau, mais un homme de terrain qui a besoin de pouvoir faire tomber la veste rapidement, quand les circonstances l’exigent.
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En résumé, nous avons donc un président sortant sûr de lui, prêt à aller de l’avant sans s’arrêter aux critiques. De l’autre, un bureaucrate sur la défensive, qui s’est préparé à encaisser des coups. Un président prêt à s’attaquer à la crise à bras le corps, face à un candidat résigné à laisser passer la tempête en courbant la tête. D’un côté un président sûr de lui, capable de représenter la France avec énergie, face à un candidat semblant incapable de se représenter lui-même sans blêmir. Un requin face à un flan.
A tout prendre, j’ai préféré le requin.
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Voilà ce que j’ai vu, moi, hier, de mon œil distrait. Manque de pot, en lisant les commentaires des mes contacts Facebook, parmi lesquels se trouvent encore quelques gauchistes – eh oui -, je réalise que, si j’avais été hollandiste, je n’aurais sûrement pas vu la même chose.
J’aurais vu dans la position de Sarko une agressivité de mauvais aloi, doublée d’un sentiment d’infériorité compensé artificiellement. J’aurais vu dans Flamby une incarnation de la force tranquille, qui n’a pas besoin de s’agiter pour exister.
J’aurais vu un homme décidé à encaisser la tempête calmement pour mieux se relever ensuite, face à un homme préférant s’élever contre elle, au risque de s’épuiser en vain et de s’éparpiller.
J’aurais vu un homme prêt à tenir sa place et à représenter la France avec dignité, à sa juste place, ce qui m’aurait rassuré après cinq ans de bling-bling et de prises de paroles intempestives dans tous les domaines.
Et j’aurais amplement préféré le flamby.
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Conclusion. Finalement, ce débat ne sert qu’à convaincre les convaincus qu’ils ont définitivement raison d’être convaincu, non ?
Remarque consécutive à la conclusion. Savoir que 100% des futurs journalistes de France sont plutôt à gauche fait donc un tout petit peur.
Remarque destinée à modérer la panique provoquée par la remarque précédente. Heureusement, ça n’empêche pas complètement un minimum d’objectivité. Enfin, ça dépend…
Remarque sans lien avec les deux précédentes. C’est pas pour dire, mais heureusement que je ne l’ai pas écouté, ce débat : vous imaginez la tartine indigeste que j’aurais pu pondre ce matin ?
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Je suis assez d’accord mis a part le fait que, pour ma part, je trouvais Flamby beaucoup moins détendu que Sarkozy. Ce dernier savait ce qu’il disait et savait, à la limite, déjà ce que son challenger allait pondre, et y répondait donc directement. Au contraire, côté PS, il chercher beaucoup plus ses mots et se répéter beaucoup sur certain sujet.
l’intérêt de ce type de débat n’étant clairement pas de convaincre les convaincus mais de décider les indécis. C’est là qu’est tout l’enjeu. Etant donné que les indécis n’ont souvent pas une opinion politique très tranchée (c’est fort ce que je dis là hein ?) il regarderont pour la plupart les titres de la presse du lendemain pour savoir qui « a gagné » et ce qu’il fallait penser de ces 3h de débat. D’où la pertinence de ton lien sur les journalistes de France assumant être 100% à gauche. Tout comme la une de Libé, prête et envoyée à l’imprimerie à peine 30 min après le début du débat avec le titre suivant : « Hollande préside le débat ». On peut donc raisonnablement être inquiet pour l’avenir.
« si j’avais était hollandiste, je n’aurais sûrement pas vu la même chose. » Oo
« si j’avais été » non ?
« 100% des futurs journalistes de France sont plutôt à gauche »… J’avoue que ça m’a fait rire : « plutôt à gauche », ça veut dire quoi ? Bon, je ne conteste pas que ça a un sens, mais ça sent le flou, ce qui provoque un oxymore rigolo avec le 100% bien tranché.
Pour le reste, oui : j’aurais aimé être purement objectif à propos de l’attitude des deux candidats. Il se trouve qu’ils m’ont tous les deux horripilés, mais l’un bien plus que l’autre, pour une raison que j’ai partagée avec quelques-uns, qui m’ont dit exactement la même chose, pour la même raison… mais de l’autre. Étonnant.
Bon, maintenant qu’on a bien parlé de l’inutile… Messieurs les Candidats, si on parlait de fond ? J’ai rien entendu hier.
Ludovic : un hollandiste te dira que c’est bien la preuve que Sarko est un bonimenteur né, tandis que Flamby, lui, parlait « vrai », avec le cœur… Et ça ne serait pas complètement absurde non plus 😉
Bob : c’est en effet la première chose pertinente de l’article, ce lien. Si si, c’est ce que tu as voulu dire 😉 Rien à rajouter sur le reste de ton commentaire.
Batros (je peux vous appeler Super ?) : Arg, glurps, plouf… Honte et désarroi. C’est corrigé, merci.
Vianney+ : j’ai en effet cru comprendre qu’ils n’avaient pas évoqué les sujets qui nous tiennent à cœur… Je regrette moins de n’être pas resté jusqu’au bout, du coup. Pour le « plutôt », c’est parce que je déteste dire « il est de gauche », « il est de droite », comme si c’était définitif. Bon, d’accord, ça l’est le plus souvent, mais quand même, je persiste à croire en la liberté de changer d’avis.
Porter sa veste fermée quand on est assis est un manque de classe affligeant…
Mais non Skandal, il bouscule les conventions, fait bouger les lignes. Voyons ! Ce que vous pouvez être petit bourgeois parfois 🙂
Héhéhéhé,
C’est vrai, je suis le parfait mélange entre une famille de la haute bourgeoisie parisienne attaqué par 30 ans de socialisme étatique et une famille de paysans de la campagne profonde du Cantal laissé pour compte au profit de CPF divers et variés.
Et puis, c’est toujours la bourgeoisie qui a mené les révolutions…
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