Hier, dimanche 13 janvier 2013, les opposants au mariage pour tous étaient dans la rue. Je n’ai pas grand-chose à dire sur l’événement, sinon que les chiffres officiels sont le plus beau gag de ce début d’année. Annoncer 340 000 personnes alors que le Champs de Mars a été plein pendant plusieurs heures, alors même que les gens en repartaient bien vite après être arrivés et que certains manifestants n’avaient pas encore quitté les trois points de départ – si bien qu’un bon paquet de gens ne sont même pas allés jusqu’au Champs de Mars, certains ayant des cars à prendre pour rentrer chez eux -, c’est une plaisanterie tellement énorme que pas un comique au monde ne l’aurait osée. Si ça c’est pas du foutage de gueule, alors je ne m’appelle plus Fikmonskov.

Ceci étant dit, je vais aujourd’hui me contenter de vous présenter quelques photos de la chose, prises par moi, malgré des ennuis matériels agaçants et une lumière ambiante assez ignoble. Veuillez donc vous concentrer sur l’aspect documentaire de la chose, s’il-vous-plait.

12h30. Vue sur l’Avenue Foch. Ce cortège est l’un des deux qui arrivent de la Porte Maillot. L’avenue Foch restera pleine au moins jusqu’à 15h.
Vue de l’autre côté : la porte Dauphine est remplie. Deux cortèges y arrivent, deux en repartent.
L’avenue Foch.
Les élus locaux sont là, au milieu de leurs administrés. Ici, les élus du Saumurois.
Les manifestants, guère rompus à l’exercice, mettront un moment avant de commencer à reprendre les slogans.
Pendant de longs moments, le cortège s’immobilise : inutile de remplir la place plus vite qu’elle se vide.
La place, telle qu’on l’a vue du QG temporaire, où l’on vidait nos photos, de 12h30 à 15h.
Quand je suis arrivé, le cortège avançait déjà depuis une heure. Quand je suis parti, tout le monde n’avait pas quitté la porte Maillot.
Au bout de 3h, certains, voyant mon T-shirt de la manif, m’interpelleront pour me demander pourquoi ça n’avance pas.
Je ne peux que répondre : « C’est parce qu’on est nombreux, c’est une bonne nouvelle ! » Ceci dit, moi qui cours partout et meurs de chaud, je les plains.
Les manifestants brandissent des panneaux indiquant d’où ils viennent. Celui-ci a un certain succès, Dieu sait pourquoi…
Remarque d’un monsieur qui voit ça : « Il ne faudrait pas qu’il abime le feu ». Pas sûr qu’on entende ça dans beaucoup de manifestations…
Un peu après 15h, entre porte Dauphine et Trocadéro. La tête du cortège a passé le Troca, la queue n’est pas encore porte Dauphine.
Vue d’un char, la foule est encore plus impressionnante. Et évidemment on n’en voit qu’un petit bout. A ce moment-là, ma femme m’attends après le Trocadéro.
Juste après 15h. Arrivé au Trocadéro, je file sur l’esplanade. Le Champs de Mars est déjà rempli.
Les touristes, nombreux, observent ça avec curiosité. Un peu plus loin, j’échangerai quelques mots avec un Américain sur les tenants et aboutissants de cette manif.
Beaucoup prennent des photos. Ils ont raison : c’est rare d’avoir une photo un peu originale de la Tour Eiffel.
Les volontaires, après une petite pause, retournent bosser. Soulignons leur engagement, qui a permis à cet événement de se dérouler correctement.
Musique et confettis. Pas l’aspect que je préfère de la manif, mais si on voulait les éviter, on pouvait. Et puis ça donne de jolies photos 😉
Ces deux petites dames ont dû attendre leur bus jusqu’à une heure avancée de la nuit : le cortège n’était pas entièrement au Champs de Mars à 18h.
Au pont de l’Alma, opération de comptage. Problème : tout le monde ne le passera pas, certains devront retrouver leur bus avant d’avoir pu arriver là.
Une famille d’ours bruns. Assez peu de déguisements ou d’accoutrements surprenants. L’ensemble du cortège était très classique.
La sécurité au boulot. Juste après cette photo, les gendarmes venaient demander de faire bifurquer le convoi par un autre chemin, pour fluidifier le mouvement.
Un manifestant tentant de mobiliser la foule. Celle-ci, après déjà plus de 3 heures de marche et d’attente dans le froid, répond assez peu.
Certains cependant exposent leur motivation aux yeux de tous.
Champs de Mars. Plein depuis un moment quand j’arrive, il commence déjà à se vider. Enfin, disons que des gens partent. Mais les 3 cortèges continuent d’affluer.
Le Champs de Mars, qui accueillait 700 000 personnes pour un concert de Johnny, restera plein au moins deux heures. Alors que des gens, nombreux, le quittent.
Le soir commence à tomber, en même temps qu’une petite pluie fine. Les cortèges continuent d’arriver sur le Champs de Mars.
A la nuit bien tombée, et sous la pluie, le Champs de Mars se vident assez franchement : les cars commencent à repartir. Pourtant, devant l’école militaire, on continue d’arriver.

Voilà la Manif pour tous telle que je l’ai vécue. De ce que j’en ai vu, c’était énorme, gigantesque. Si nous avons passé le million, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que nous étions très nombreux, et évidemment et indéniablement beaucoup plus que les malheureux 350 000 annoncés par la police. Ce que je sais aussi, c’est que je n’ai rien vu de choquant, ni banderole foireuse, ni tondus en rangeos, ni slogans haineux. Pour tout dire, moi qui ne supporte pas les groupes, et qui ai choisi de prendre des photos pour pouvoir m’extraire du groupe et franchir les cordons de sécurité pour m’isoler, je n’en ai pas senti une seule fois le besoin. C’était très sympathique à shooter, les gens étaient heureux d’être là malgré le froid, tous ensemble pour lutter contre cette loi.

Cette manifestation fera-t-elle changer d’avis notre président ? Je n’y crois pas. Mais au moins, maintenant, grâce à cette manifestation et à la bonne gestion de la communication, il ne pourra pas faire semblant qu’il ne savait pas. Il sait, et il décidera probablement de continuer à nous mépriser. Et la France le sait, ou le saura : Hollande, qui avait promis de consulter les Français sur les questions importantes, continue à refuser d’écouter ce million de manifestant, alors même qu’il accueille des représentants LGBT à l’Elysée et retourne sa chemise dans la seconde, et alors même qu’il fait marche arrière suite à une opération escargot de quelques taxis parisiens.

Depuis hier, c’est ce qui restera dans l’Histoire : l’incroyable mépris d’un président pour ses concitoyens.

Rajout : une vidéo du Champs de Mars vu de la Tour Eiffel aux alentours de 17h, plus de deux heures et demi avant que la fin du cortège où je me trouvais n’y arrive. Ça se passe de commentaires.