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Chers amis, voici le troisième volet de ma rubrique « Réponses rapides à des questions mille fois entendues ». Vous les connaissez, ces questions qui reviennent sans cesse dans les conversations importantes et qui nous semblent tellement absurdes qu’on ne sait quoi y répondre…
Soyez rassurés, dilatez-vous dans la joie et le soulagement : je vous propose des éléments de réponse. Rien de scientifique, rien d’excessivement argumenté… Je répond sur le même ton qu’on nous questionne, avec parfois une légère dose de mauvaise foi, avec des raccourcis un peu rapides, et avec des à peu près assumés.
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Aujourd’hui, dans la lignée de mon dernier article, je répondrai à une remarque qu’on entend souvent lorsqu’on débat autour de la question – piégeuse – de l’insécurité : « Mais arrête avec ta « culture de l’excuse », ça n’existe pas, c’est un mythe créé de toute pièce par le FN ».
Cet été, sur une plage du Sud de la France où j’ai passé quelques jours, des gendarmes tenaient un stand de recrutement (???) et de prévention. On y lisait, sur un gros panneau que je regrette de n’avoir pas pris en photo, la phrase suivante : « Soyez prudent, ne tentez pas les voleurs », et ensuite quelques consignes du genre : « Ne laissez pas vos affaires seules sur la plage, confiez-les à votre voisin », tout ce genre de choses. Je les ai maudits tous le reste de la journée : ça m’a immédiatement rappelé le métro parisien, et ses annonces en trois langues. En français, ça donne « Ne tentez pas les pickpockets, etc. ». En anglais et en espagnol, ils traduisent ça en « Attention aux pickpockets ». La différence est fondamentale : le message en français fournit déjà au futur criminel sa ligne de défense. Devant le juge, le voleur n’aura qu’à répéter docilement : « C’est lui, m’sieur l’juge, y m’a tenté, ce salaud ». La victime est, avant même d’être victime, d’ors-et-déjà rendue en partie responsable de son état : elle aura tenté son agresseur. Rien à voir avec les messages en langues étrangères : eux marquent bien la frontière entre voleur et victime, sans tenter de rendre celle-ci à moitié coupable. Et ce discours, inconsciemment, même la gendarmerie le tient, l’été sur les plages : si vous vous faites voler vos affaire, c’est que vous l’avez bien cherché, vous n’aviez qu’à aller vous baigner avec, pour ne pas tenter le pauvre voleur qui passait par là.
C’est donc bien qu’en France on a assimilé l’idée que le coupable est partiellement victime de la provocation de sa victime, qui se trouve soudain coupable : après tout, elle l’a bien cherché.
Mais je sens que certains ne sont pas convaincus par mon discours. Je comprends. Je vais donc laisser maintenant la parole à Clémentine Autain : « L’idée, c’est de battre en brèche le stéréotype : « elle l’a bien cherché » qui pèse sur les femmes victimes. C’est ainsi qu’elles se sentent coupables, sales, honteuses », écrit-elle sur son blog en réponse à l’idée, courante, qu’une femme qui se fait violer serait peut-être un peu responsable de son malheur, parce qu’elle aurait tenté le violeur.
Et c’est une idée que beaucoup défendent, par exemple ici :
Ou ici :
Les deux parlent de « transférer la responsabilité sur la victime », de « rendre la victime coupable », de « chercher des excuses au violeur ».
Quelqu’un qui dit qu’une jeune femme a « tenté son violeur » est donc déjà en train d’excuser celui-ci, d’après des gens proches du Collectif féministe contre le viol. Il est donc évident que les gendarmes à la plage et les speakers du métro excusent d’avance les voleurs.
Il y a donc bien une culture de l’excuse.
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Permettez-moi de ne pas vous suivre.
Autant je comprends le caractère abject du phénomène expliqué par C. Autain, et Dieu sait que je ne suis pas d’accord avec toutes ses analyses !
Autant, le principe de précaution (et non l’excuse du voleur) affiché par les gendarmes sur la plage ne saurait être comparé avec l’attitude inconsciente de la gamine habillée « raz-du-cul ».
Cela dit, pourquoi ce commentaire ?
Le principe de précaution est formulé exactement de la même façon que l’excuse du voleur. Et ce n’est pas dans sa nature, puisque dans les autres langues ils y arrivent très bien.
est-ce que ça marche avec « braqueurs: ne tentez pas les bijoutiers » ?
Dans la mesure où le braqueur est coupable par définition, j’ai du mal à voir comment on pourrait risquer de le rendre coupable. Donc non, ça ne marche pas.
En revanche, l’inverse marche très bien. C’est justement tout le problème.
Il demeure une différence entre ces deux cultures de l’excuse : dans un cas (le viol), la responsabilité est renvoyée sur une personne (« elle l’a bien cherché »).. dans l’autre, c’est la faute de « la société ».
Moins choquant, car personne ne se sent redevable des torts de « la société ». Personne n’ira plaider sa cause et on peut se complaire dans le rousseauisme.
Mais tente ne serait-ce qu’une seconde de mixer ces deux excuses (i.e. de prétendre que l’état de « la société » a peut-être quelque chose à voir avec le nombre de viols) et tu te feras taxer de réac’.
Non, dans l’autre cas la responsabilité est renvoyée sur la victime, celle qui a osé tenter son agresseur en ne planquant pas ses objets de valeurs, ou simplement en existant.
je suis qd même sceptique… Bien sûr une fille violée ne l’a pas cherché et encore moins méritée mais…par les temps qui courent, la culture du porno, du sexe etc…favorisent je pense un certain danger….
En gros je ne cherche pas à excuser le violeur…mais je pense que si on cherchait daventage autour du « profil type du violeur » on serai surpris…
Vous aurez bien compris que le débat ne porte pas sur la question du viol, que celle-ci n’est là que pour faire un parallèle ?
De plus, pour répondre quand même à votre commentaire, vous pointez « un certain danger », mais dont la responsabilité ne saurait retomber sur la victime du viol.
En même temps, je ne peux m’empêcher de penser quand je vois l’accoutrement de certaines demoiselles : « Pinaise, elle voudrait se faire violer qu’elle ne s’y prendrait pas autrement… »
On peut remercier, pour le succès actuel de l’argument du violeur, plus d’un siècle de psychanalyse, pseudoscience qui s’est attachée à décrire l’homme comme une marmite bouillonnante de pulsions prête à exploser au moindre soulèvement de couvercle.
Mayeul, je crois pour ma part qu’il y a un manque total de conscience du regard masculin de la part de certaines demoiselles. Comme après tout l’homme et la femme c’est la même chose, comment pourraient-elles comprendre que ces vêtements qui, à leurs yeux, les mettent en valeur agréablement ne puissent avoir d’autre effet que de rendre le regard de l’homme forcément biaisé ? On ne leur a jamais dit qu’un homme fonctionnait beaucoup plus de façon visuelle, et qu’il était impossible à la plupart des hommes de regarder les yeux quand autre chose se montre de façon évident. Et pas parce que « les hommes sont tous des porcs », mais simplement parce qu’ils sont des hommes.
Comme en plus on n’existe plus aujourd’hui que dans le regard des autres, et comme les modèles féminins qu’on nous donne sont tous dans la provocation en prétendant n’être que dans la séduction, et bien on va beaucoup trop loin, pour exister et parce qu’on n’imagine pas qu’on puisse « séduire » sans tout montrer.