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L'éducation nationale devrait retourner à l'école, La banlieue c'est pas forcément si morose, Le cours Alexandre-Dumas à Montfermeil, Un peu d'espoir dans ce monde de brutes
On me reproche souvent (probablement pas complètement à tort) (mais ça je n’accepte pas qu’un autre me le serve, alors vos gueules) d’être trop négatif, de ne parler que de ce qui ne va pas. Alors aujourd’hui, je vais vous partager un de mes gros coups de cœur du moment : c’est une vidéo qui m’a mis la larme à l’œil.
On y voit des gamins turbulents, grossiers, bagarreurs, avec un accent de banlieue à couper au couteau, qui font la promo de leur école avec des grands sourires et un enthousiasme communicatif. On y voit des gamins en sweat à capuche d’uniforme vouvoyer leurs professeurs, eux-même en costard-cravate et qui eux-mêmes les vouvoient. On y voit des gamins multicolores danser une danse traditionnelle bretonne ou arlésienne avec un canotier en paille et un petit tablier. On y voit une gamine poser des questions à son directeur, reprise avec le sourire sur un point de vocabulaire (qui lui servira toute sa carrière de journaliste, si elle y parvient, ce que je lui souhaite : « dire » est à proscrire…), et qui accepte la correction de bonne grâce. On y voit ces mêmes gamins régler leurs problèmes en en discutant (« Tu te comportes comme un gamin ! ») plutôt qu’en se tapant sur la figure (même si manifestement ils ne parviennent pas toujours à s’en empêcher), et finir même par se trouver les uns les autres des qualités, et se le dire.
On y voit des gamins heureux d’être à l’école, alors qu’ils sont exactement les mêmes que ceux qui finissent par ne même plus aller en cours pour plutôt aller braquer des bijoutiers.
On y voit une école qui fonctionne, qui apprend à lire et à écrire, ce qui est la base, mais qui apprend surtout la confiance, en soi (je ne suis pas qu’un gros nul qui n’arrive à rien) et en les autres, qu’ils soient camarades de classe (le mec avec qui je me suis frité ce matin, c’est aussi lui qui me donne le sourire quand il fait l’idiot) ou adultes (le prof qui me met une mauvaise note est aussi celui qui m’aide à franchir le pont de singe).
On y voit une école indépendante qui fait son boulot, précisément à l’endroit où l’école de la République n’y parvient plus : à Montfermeil, en banlieue parisienne, une de ces banlieues-dortoir que tout le monde préfèrerait quitter.
C’est ici :
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A reblogué ceci sur Breizh Journal.
« Vidéo indisponible » !
Censure gouvernementale ? 😉
Moi ça marche très bien 🙂
Merci Breizh 🙂
Pffff ! Encore de l’élitisme, un truc réservé qu aux meilleurs des nuls ! 🙂
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et encore une fois, c’est du privé hors contrat…
décidément, L’ÉN est un bateau qui coule, incapable de rien faire de tel. et je ne saurais trop conseiller à des parents de préférer le privé. Hors contrat en général (mais il y a des écoles sous contrat qui marchent: les Chartreux, Châteuneuf et St Bonnet de Galaure…). c’est ce qui se passe pour ceux de mes filleuls qui sont en France… Bon, pour les profs du public, ça reste déprimant. Pour l’instant, je reste où je suis, tâchant de restée persuadée que j’ai une mission à y accomplir (bon, si un jour ou l’autre on veut me forcer à faire « genre », faudra que j’étudie sérieusement la question de dégager…).
si vous imaginiez comme ça me tente, une école comme celle-là! Déjà, l’an passée, je me suis obligée à apprendre à tutoyer les élèves, histoire de ne pas trop m’attirer des réflexions des collègues. ça n’a l’air de rien… mais ça fait partie de ces détails qui vous pourrissent la vie. sûr, si je retourne en lycée, je recommence à vouvoyer, quoi qu’il arrive!!! et puis cette impression de ne servir à rien… autant passer ses journées, ses semaines, ses mois, à remplir le tonneau des Danaïdes! ah, l’absurde de cette vie, quelquefois, c’est déprimant! et on s’étonne que les profs s’absentent: ils sont découragés, voilà!
Bon, heureusement, il y a le privé!
CC, je compatis de tout mon cœur : ma femme est jeune instit’ dans le privé sous contrat, et nous voyons effectivement des trucs terrifiants, qui donnent envie de tout plaquer et de créer notre école… Nous avons eu de longues discussions au moment pour elle de choisir entre privé et public, et le privé l’a emporté à cause de cette crainte du tonneau des Danaïdes. Le lire ici me conforte dans l’idée que nous avons bien fait, même si le privé n’est pas du tout une sinécure non plus (et c’est parfois encore plus démoralisant dans la mesure où on en attend beaucoup plus…)
Bon courage, et promis je vous contacte quand on aura monté notre projet d’école libre 😉
Pingback: La mission de l’école dans le cadre d’une écologie intégrale, par Gautier Bès | Le blog de Fikmonskov