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#ONLR ! On ne lâche rien ! Ce mot d’ordre, nous l’avons tous vu, lu, utilisé à de multiples reprises pendant l’année qui vient de finir. C’est devenu en quelque sorte notre signe de ralliement, notre mot de passe, notre panache blanc. Si bien qu’on a presque oublié que c’était une création de Jean-Luc Mélenchon.

Suite au mouvement des Bretons en colères, qui ont enfilé un bonnet rouge en mémoire d’une révolte de leurs grands-pères contre une taxe créée par Louis XIV pour financer sa guerre en Hollande, certains tentent aujourd’hui de créer le mouvement des bonnets roses, « regroupant l’ensemble des militants issus des différents courants ayant pour but la défense de la famille et des enfants ».

Pour réagir à une proposition de loi visant à pénaliser les clients de prostituées, le Manifeste des 343 Salauds a été lancé par le mensuel Causeur. Une allusion transparente au Manifeste des 343 salopes, paru en 1971 en faveur de l’avortement.

Le 10 novembre, avant d’aller huer Hollande sur les Champs-Élysées, les jeunes de l’Action Française ont repris la Bastille coiffés d’un bonnet rouge. Reprendre la Bastille, une façon de recommencer la Révolution française, mais dans l’autre sens, pour aboutir à la chute de la tête de la République dans la sciure, et le rétablissement du roi sur le trône.

Pourquoi liè-je ces quatre événements ? Parce qu’ils sont à mes yeux révélateurs d’une de nos plus grosses faiblesses. Allez, soyons positifs : ils révèlent aussi et avant tout que nous avons compris une chose importante : un combat ne se gagne pas sans symboles, sans gestes forts, sans coups d’éclats. Dans nos esprits de plutôt jeunes gens éduqués, rationnels, capables de (et aimant) débattre sur de multiples sujets, la force du symbole ne nous apparaissait pas clairement, et nous le trouvions même parfois réducteur et simpliste.

Mais finalement nous avons compris, et nous avons commencé à mettre en pratique cette idée nouvelle pour nous, et que nos ennemis utilisent si bien.

Hélas, nous ne l’avons pas fait aussi bien que nous aurions dû. Je l’ai montré en détaillant les quatre exemples : ces symboles que nous utilisons, ils sont majoritairement des détournements des symboles de l’ennemi. Les Bonnets Rouges sont un cas à part, mais les trois autres sont clairement des symboles de groupes constitués qui sont nos complets opposés : la prise de la Bastille a été le début de la fin de la royauté, les 343 salopes militaient pour ce qui apparait pour beaucoup de nous comme un des plus graves signes que notre société va dramatiquement mal, et il est évident que nous ne pourrons jamais combattre aux côtés d’un nostalgique de l’URSS. En clair : nous n’avons fait que reprendre des symboles, nous n’avons rien créé.

Bien entendu, détourner les symboles de l’ennemi est une bonne chose : rien n’est plus exaspérant que de voir un de ses symboles devenir propriété exclusive de ceux contre qui il avait été créé. Mais ce détournement n’est possible que quand on possède soi-même un riche arsenal : ainsi, le symbole détourné se noie-t-il dans la masse, et s’incorpore-t-il encore plus facilement dans notre corpus idéologique.

De même qu’en cuisine on ne peut se permettre d’apporter une touche d’exotisme que dans un plat déjà plein de caractère, sous peine d’être condamné à ne proposer qu’une succession de saveurs n’ayant rien à voir entre elles, quand il faut qu’elles se répondent les unes aux autres. De même qu’en musique (et ça doit être vrai dans tous les arts) il est important d’avoir un style propre et solide avant de s’aventurer dans d’autres directions, sous peine de ne plus proposer qu’une soupe informe, un aggloméré d’influences sans liant.

Cette base, nous ne l’avons pas encore. Et ça se voit assez dans la difficulté que nous avons à nous raccrocher à d’autres mouvements que le nôtre : nous avons raté les sages-femmes, nous ne sommes pas au point sur les rythmes scolaires (c’est cette semaine : le saviez-vous ?), nous ne parvenons pas à porter notre bonnet rouge en réelle concertation avec les Bretons, nous quenellons un peu partout sans même forcément savoir ce que ça veut dire… Hors de notre combat naturel, le « mariage » pour tous, nous n’arrivons pas à être autre chose que des grumeaux dans la soupe. Bien sûr ça rajoute du volume… mais ça dérange le cuisinier et indispose le mangeur.

Ce que nous devons maintenant faire, c’est créer nos propres symboles. Un symbole, ce n’est pas forcément quelque chose de grand, de fort, d’impressionnant : il faut commencer petit. Il faut imposer des signes, des expressions, des gestes, des habits… qui nous soient propres d’abord, et que nous seuls comprendront au début, puis les utiliser, toujours et partout, jusqu’à ce que plus personne ne puisse ignorer qu’ils existent, et qu’ils sont à nous.

Heures les plus sombres de notre histoire
et Shadoks anarchistes

Nous connaissons tous « les heures les plus sombres de notre histoire » : c’est devenu un sujet de plaisanterie, parce qu’il a été utilisé à tort et à travers. N’empêche que, pendant longtemps, parler « des heures les plus sombres » était incroyablement puissant, et tout le monde savait de quoi il s’agissait. Quand Bernard Lugan, chez mes amis de le Rouge et le Noir, explique ceci :

« Chez les Gaulois, quand un danger mortel menaçait et qu’il fallait oublier les querelles subalternes pour réaliser l’union, des envoyés allaient de village en village arborant la représentation d’une alouette, ce qui signifiait que la mobilisation générale était demandée. Or, en ce moment, j’entends l’alouette chanter… »

… il y a pour moi une vraie expression à récupérer : « J’entends l’alouette chanter », c’est une expression forte, mystérieuse au profane, mais qui peut devenir un vrai signe de ralliement pour nous, qui pensons qu’il est venu le moment où il faut « oublier les querelles subalternes pour réaliser l’union ».

De même, j’ai essayé de proposer l’idée du Shadokisme, qui pourrait à mon avis devenir une expression à part entière. J’explique plus précisément la chose dans cet article et les deux qui le suivent. Plus tôt dans l’année, j’ai lancé le prix Albert Moscou, qui dénonce les fils-de-putisme journalistiques. Là aussi, ça n’a pas été suivi, alors que j’espérais que ça le serait.

Si ces trois éléments peuvent être repris dans des discussions ou sur des blogs, il convient également de ne pas laisser les murs de nos villes aux anarchistes et autres antifas. Tout le monde connait le logo anarchiste, le A entouré, tracé en 2 secondes à peine sur n’importe quelle surface. Qu’avons-nous en réponse ? Des autocollants qui coutent cher et qui manquent à chaque fois qu’on en a besoin. Il fallait trouver un signe distinctif rapide à faire, un peu comme en 1940 le V de la victoire enrichi d’une croix de Lorraine, qui rendait dingue l’occupant nazi. J’ai trouvé ceci :

CRVoici ce qui a guidé mon inspiration :

  • Le « R », qui peut être celui de « résistance », mais qui est surtout pour moi celui de « révolution ». Inversé, parce que c’est une contre-révolution que nous menons. (La contre-révolution qui consiste à lutter contre l’esprit de la révolution, qui est de tout remettre en cause en permanence : « Du passé faisons table rase ».)
  • La flèche, qui indique deux choses :
  1. tournée vers le haut, elle montre que nous voulons élever l’homme, vers Dieu si nous sommes croyants ou vers plus d’humanité si nous ne le sommes pas. Dans les deux cas, ça implique une exigence, qui seule peut faire grandir et rendre meilleur.
  2. tournée vers la droite, qui symbolise l’avenir, elle montre que nous ne sommes pas des nostalgiques d’un passé idéal qui n’a jamais existé, mais qu’au contraire nous travaillons pour l’avenir : la contre-révolution n’est pas un rétropédalage.

Ce logo est reproductible en deux coups de crayon/pinceau/bombe de peinture, sur toutes les surfaces, en toutes tailles, de toutes les couleurs… et le plus librement du monde, bien évidemment.

Bien, je crois avoir assez travaillé, maintenant c’est à vous de jouer 😉