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La colère est générale : pas une semaine ne se passe sans une manifestation quelque part en France. Certaines semaines en voient plusieurs de suite, telle celle du 11 novembre : lundi 11, François Hollande est hué sur les Champs-Elysées ; mercredi 13, les policiers descendent dans la rue et marchent vers l’Assemblée nationale, et les enseignants appellent les parents à ne pas mettre leurs enfants à l’école ; jeudi 14, les pompiers se confrontent aux forces de l’ordre et enflamment des pneus dans les rues, pendant que les enseignants manifestent ; samedi 16, les routiers organisent de nombreuses opérations escargot sur les routes, des militants de SOS Tout-Petit se font embarquer en nombre du côté de Port-Royal et des poneys manifestent avec des bonnets rouges à Nantes. Une semaine, huit manifestations. Il est donc clair que la situation se dégrade à grande vitesse. Et à chaque fois, la colère des manifestants est orientée en grande partie vers François Hollande. Il n’est plus rare d’entendre des « Hollande démission », même en dehors des mouvements anti-mariage pour tous qui ont lancé le slogan les premiers.

1146663_196723960512799_1675406313_nUne démission de François Hollande semblerait donc satisfaire beaucoup de monde. Mais une question revient souvent, de plus en plus pressante à mesure que la situation se dégrade : « Qu’est-ce qui se passera après ? » C’est une question légitime : se débarrasser de Hollande ne sert à rien si on place un autre ponte du PS à la place. Quant à l’UMP, elle ne vaut pas mieux et ne peut de toute façon rien proposer de crédible en ce moment. Pas même un candidat.

Cette colère généralisée révèle un mal beaucoup plus profond. Le peuple de France ne se sent plus écouté par ses dirigeants : si pour certains l’attitude de Hollande n’est pas une surprise, pour beaucoup elle est une profonde déception. Le président de l’écoute et du changement n’entend rien et ne bouge plus. Il y a derrière cette colère focalisée sur le président en fonction une colère bien plus générale, contre des élites qui se sont coupées du peuple, tout en continuant à prétendre parler en son nom : qui peut croire que le peuple de France voulait le « mariage » pour tous ? Qui peut croire que le peuple de France veut de la théorie du genre ? Qui peut croire que le peuple se préoccupe plus du sort des journalistes subventionnés que de sa propre sécurité ?

Une nouvelle élection ne suffira donc pas à répondre aux attentes des Français. Il faut aller plus loin. Voici quelques pistes, quelques ouvertures, quelques suggestions.

Lutter contre l’absentéisme des députés
en fermant l’Assemblée

L’objectif n’étant pas de recréer tout un système (un livre entier n’y suffirait pas, et je ne suis sûrement pas le plus qualifié pour l’écrire), je me concentrerai sur le rôle du député. Redonner au député les moyens de remplir son rôle pleinement serait un énorme début, qui entrainerait beaucoup d’autres améliorations. Le député est la personne qui fait le mieux et le plus clairement le lien entre le citoyen et les hautes sphères du pouvoir : on le voit le samedi sur les marchés, on discute avec lui des ennuis du petit à l’école ou des difficultés à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois, et le mercredi il est à l’Assemblée et pose des questions aux ministres eux-mêmes. Entre le Président et le citoyen, il n’y a que 3 poignées de main, grâce au député. Pourtant, celui-ci est en permanence obligé, pour mieux représenter ses concitoyens, de choisir entre les rencontrer dans circonscription ou les représenter à l’Assemblée. Un choix qui peut se révéler vicieux : on sait ainsi que certains débats sur le « mariage » pour tous ont été programmés le vendredi… jour où Hervé Mariton et Philippe Gosselin, farouches opposants à cette loi, ne pouvaient pas prendre part aux débats puisqu’ils étaient ce jour-là, chaque semaine, dans leur circonscription. Ce choix est aussi dangereux en ce qu’il rend obligatoire l’absentéisme à l’Assemblée, absentéisme qui est souvent utilisé, plus ou moins démagogiquement, comme argument contre tel ou tel député : « Il n’est jamais là, comment peut-il prétendre représenter les Français ? » Et le peuple de conclure que les députés ne font pas leur travail, alors même qu’être tous les jours à l’Assemblée est également un bon moyen de ne plus représenter le peuple, ce peuple qu’on trouve assez peu au bar de l’Assemblée.

Une première décision pourrait donc être de n’ouvrir l’Assemblée qu’une partie de la semaine, pour que les députés puissent passer du temps auprès de leurs électeurs sans pour autant être absents lors des débats. En revanche, il serait alors logique de rendre obligatoire la présence de tous les députés à l’Assemblée, et de s’en assurer selon une méthode qui reste à définir. On pourrait également imaginer d’obliger chaque député à se rendre régulièrement, pendant les jours de fermeture de l’Assemblée, dans une circonscription à la physionomie très différente de la sienne : une circonscription rurale pour un député parisien, une circonscription urbaine pour un député de la Creuse, et ainsi de suite.

En plus de renforcer le lien entre le peuple et le pouvoir, cette modification de l’emploi du temps des députés aurait également l’avantage de stopper l’inflation législative : le temps imparti à la confection des lois étant moins long, il faudrait faire un tri dans les domaines de compétence de l’Assemblée et laisser certaines décisions à d’autres, par exemple aux corps intermédiaires. Ainsi chaque région pourrait-elle par exemple légiférer sur l’autorisation ou non de fumer dans les bars, la couleur des disques de stationnement, et tout autre sujet ayant plus trait à la vie quotidienne des Français qu’à la direction du pays. Là encore, le pouvoir se rapprocherait des Français, ce qui ne pourrait être qu’une bonne chose pour eux.

Une autorité supérieure
à l’abri des tempêtes

Dans cette optique, le rôle de l’autorité supérieure devrait lui aussi être repensé : la Ve République est née dans un contexte particulier, qui est aujourd’hui totalement révolu. D’une période d’espoir et de renouveau, nous sommes entrés dans une période de crise et d’inquiétude pour l’avenir ; le président homme-providentiel, sauveur de la France dans l’épreuve, n’existe plus, et nous n’avons aujourd’hui plus d’hommes politiques de cette carrure. Le système créé au sortir de la Deuxième guerre mondiale par de Gaulle ne peut pas répondre aux besoin d’une France en crise dirigée par Hollande : il faut le changer. Les paragraphes précédents tendent à donner à l’autorité supérieure de ce nouveau régime un rôle plus élevé, plus détaché des basses contingences matérielles de la vie quotidienne des Français (rôle confié aux collectivités locales) pour se tourner plus vers un rôle de boussole, d’homme de barre : quelle que soit la dénomination qu’on donne à cette autorité supérieure, elle serait surtout là pour donner une direction et s’assurer que chacun, à sa place et à sa manière, s’efforce de faire avancer la France dans cette direction et pas dans une autre. Et dans une période de crise, qui implique de prendre des décisions parfois impopulaires, il serait bon que cette autorité supérieure ne soit pas trop soumise aux aléas de l’opinion publique, qu’elle ne soit pas en permanence en campagne mais qu’au contraire elle puisse se contenter d’agir en suivant une pensée construite sur le long terme.

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Quoi qu’il en soit, et quoi qu’on pense de ces exemples – qui ne sont, justement, que des exemples –, si on admet que la crise politique actuelle est avant tout une crise de la confiance des Français en leurs représentants, alors il est clair que nous ne pouvons espérer qu’une seule chose après une éventuelle démission de François Hollande : un changement de régime. Toute autre proposition ne pourra revenir qu’à mettre des pansements sur une jambe gangrénée : ça pourra peut-être faire croire à certains que ça va mieux, mais ça ne changera rien. Et la jambe tombera d’autant plus sûrement qu’on n’aura rien fait de sérieux pour la guérir, en entrainant tout le reste du corps avec elle.