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J’ai appris la nouvelle sur Facebook : un petit article au titre franchement pas sensationnaliste perdu au milieu d’infos bouleversantes ou terrifiantes. Et pourtant, quand j’ai lu ce titre, j’ai bondi. Il dit :

Le vote blanc adopté définitivement par le Parlement

La reconnaissance des votes blancs -une proposition de loi UDI- entrera en vigueur après les élections municipales de mars prochain.

Cette reconnaissance, je l’espère – et un paquet de gens avec moi – depuis plusieurs années, alors je me réjouis : enfin, mon non-vote sera reconnu comme un vote à part entière et sera distingué des votes ratés ou fantaisistes autant que des absences de vote, des gens qui n’ont même pas cru bon de se déplacer. Enfin je pourrai exprimer mon sentiment de n’être représenté par aucun des candidats qu’on me propose, plutôt que de voter par défaut.

Mais le hic est là : imaginons un second tour de présidentielle où le blanc dépasse les 34%, se trouvant ainsi majoritaire ? Que se passe-t-il ? Peuvent-ils prendre le risque de devoir rejouer un second tour d’élection présidentielle jusqu’à ce qu’enfin un candidat prenne l’avantage ? Comment s’en sont-ils sortis ?

C’est un autre article de l’Express qui me répond :

Pas question en revanche, pour les députés, de les [les votes blancs] inclure dans les suffrages exprimés.

Ah. Donc en fait, on va distinguer les votes blancs des votes nuls et des abstentions, mais ça ne comptera pas dans le calcul officiels.

Mais alors, dites-nous ce que ça change, au fond ?

Rien.

Merci, messieurs les parlementaires, on est vraiment heureux de vous payer pour ça.

Mais alors, pourquoi cette loi ?

Pour ça :

« Mieux vaut voter blanc que bleu marine », a lancé de son côté l’écologiste Hélène Lipietz.

La magouille est bien là : se sentant menacés par un vote qu’ils évacuaient en le disant « contestataire », alors que c’était justement la meilleure raison de le prendre en compte et d’agir en conséquences, ils font un petit coup de publicité au vote blanc en faisant croire qu’il sera comptabilisé, espérant ainsi détourner certains de ces contestataires du vote extrême.

Et finalement, les scores du FN baisseront, et tous nos braves glandus de l’UMP et du PS pourront continuer à ne pas écouter cette part de plus en plus importante du peuple français qui en a marre de tout, au point de voter pour le FN malgré des décennies de diabolisation.

« Si ta femme veut changer la disposition des meubles dans la case et que toi tu ne le veux pas, contente-toi de déplacer les miroirs », dit un proverbe bantou. Inutile de préciser que ça implique quand même de prendre sa femme pour une grosse conne. Manifestement, ce n’est pas ça qui dérange nos parlementaires.

Bonus : les deux articles utilisés pour rédiger ce billet : Le vote blanc adopté définitivement par le Parlement et Les députés reconnaissent le vote blanc, mais après les municipales.