Je suis d’ailleurs de plus en plus enclin à penser que la première phrase est fausse : la médecine ne nous permet pas de vivre plus vieux, elle ne nous permet que de mourir pendant plus longtemps.
Desproges avait encore raison : « S’il n’y avait pas la science, malheureux cloportes suintants d’ingratitude aveugle et d’ignorance crasse, s’il n’y avait pas la Science, combien d’entre nous pourraient profiter de leur cancer pendant plus de cinq ans ? »
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Desproges était prophète avec son feuilleton médico-lacrymal mensuel « L’Euthanasie Vite-fait Bien-fait ». C’est dans L’Almanach, je crois. Ce qui était une fiction est devenu réalité.
Une ère de barbarie commence, la Science est à son service.
Desproges avait toujours raison.
Par ailleurs, plus le temps passe, plus je me dis qu’à 90 ans, je serai trèèèès fatiguée et ravie de partir retrouver les proches aimés toujours plus nombreux qui m’attendront là-haut… (et laisser le merdier à mes descendants, aussi.)
Un prof de CHU dont j’ai oublié le nom disait que le progrès ne nous faisait pas vivre plus vieux mais vieillir plus longtemps.
Ma vieille mère aurait dit : la race dégénère.
L’espérance de vie ne progresse plus, et tend à diminuer depuis quelques années.
Et oui, toute progression a ses limites.
Idée insupportable.
bonsoir
tiens !! ça alors vous faites un billet sur la médecine,
alors qu’hier soir, sur F5, il y avait un reportage sur christian cabrol .
(sur les premières greffes cardiaques)
Une ode continue au dieu progrès déversée via tube cathodique.
On prononce plusieurs fois le mot « miracle », on s’émeut, on pleure dans les bras l’un de l’autre …
J’avais presque l’impression de regarder une télé-évangéliste américaine.
Bien sûr l’état est mis en valeur par la construction d’hôpitaux dont le fameux « institut du cœur » annoncé chez … Sabatier avec mireille darc (véridique: l’extrait y est diffusé).
Pourtant , la religion de la viandisation humaine est bien là ….
Il y a tant à dire sur ce reportage ;si vous le regardez , vous en ferez un billet !
cordialement
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Le moment de sa mort, c’est l’une des dernières choses qui ne sont pas sous contrôle (avec le moment de la naissance d’un enfant) dans notre société du 0 imprévu. Et ça, c’est une idée carrément insupportable….
… et il y a un marché énorme.
Tout est lié.
Allez, je ne résiste pas à un modeste exercice de contrepoint, en précisant par avance que je suis évidemment un enfoiré de progressiste rendant un culte à la Science et au Marché (oui, oui, avec des majuscules !) :
– Je ne vois pas bien où est l’incohérence entre d’une part les progrès avérés de la science pour permettre de vivre mieux et en meilleure santé (tant par la prévention que par la médecine proprement dite) et d’autre part la revendication du droit individuel à décider de sa fin de vie, dans les cas où cette même science échoue à guérir, ou à tout le moins à alléger les souffrance d’une quelconque maladie. C’est au contraire tout à fait logique.
– Il est parfaitement malhonnête de mettre sur le même plan la revendication du droit individuel à décider de sa fin de vie et les errements du docteur Bonnemaison qui a au contraire violé le droit de ses patients pour s’arroger seul le droit de vie ou de mort sur ceux-ci, malgré ses probables bonnes intentions (l’enfer en est pavé, paraît-il). Et au passage, ce genre de dérives ne datent pas d’hier pour quiconque connaît un tant soit peu le milieu médical. Simplement, avant, le sujet était tabou et on faisait gentiment passer des malades incurables de l’autre côté dans un silence assourdissant. Aujourd’hui, on en parle, on en débat, voire on le juge devant un tribunal : un autre progrès (oui, je suis irrécupérable).
– L’espérance de vie ne diminue absolument pas au niveau mondial, au contraire. Et les projections des spécialistes sont raisonnablement optimistes, ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas à faire face à de nouveaux défis de santé publique. Tout ça sans même évoquer les recherches actuelles sur le vieillissement… Et pendant qu’on y est : la mortalité due au cancer régresse. Desproges n’a pas eu de bol.
J’invite les brebis de Dieu qui louent la douleur et la perte de contrôle d’un moribond à faire deux choses : d’abord à aller faire un petit tour dans les unités de soins palliatifs, histoire de se colleter avec le réel ; ensuite à méditer ces mots du cardinal Veuillot, agonisant d’une leucémie : « Nous savons faire de belles phrases sur la souffrance. Moi-même, j’en ai parlé avec chaleur. Dites aux prêtres de n’en rien dire : nous ignorons ce qu’elle est et j’en ai pleuré. »