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C'est habile Bill, Les jolies colonies de vacances, Mon pote Jean-Claude aime les jolies filles, Qu'on soit de gauche ou de droite on est hémiplégique
Chers amis,
Je vous écris aujourd’hui pour vous demander de l’aide. Vous ne le savez peut-être pas, mais je souffre depuis très longtemps de saignements de nez intempestifs. Depuis aussi longtemps qu’il m’en souvienne, je saigne du nez environ une fois par jour, généralement au plus mauvais moment possible.
Un handicap terrible, qui me pose notamment des problèmes dans ma pratique quotidienne de la musique. En effet, la chaleur et l’émotion aidant, il n’est pas rare que je me mette à saigner du nez au moment de monter sur scène ou pendant une répétition dans un studio surchauffé. Et même quand, chez moi, je veux me mettre à travailler un riff ou à écrire les textes de mes chansons, je suis souvent interrompu par un saignement de nez qui me coupe dans mon élan créatif.
J’ai décidé il y a peu de monter une opération pour faire prendre conscience au monde de ce problème hélas méconnu, et pour montrer aux personnes souffrant du même mal que moi que ce handicap ne doit pas nous empêcher de vivre notre rêve : je vais enregistrer un album et monter une tournée mondiale.
Pour cela, j’ai besoin de votre aide : il me manque beaucoup de matériel pour pouvoir relever ce défi humain sans précédent ! J’ai ainsi besoin de faire l’acquisition d’une ou deux guitares, de nombreux micros, d’un pré-ampli et d’une table de mixage. Sans oublier un logiciel professionnel d’enregistrement.
Ainsi, armé de mon seul courage et des mes idées, je pourrai atteindre cet objectif ambitieux : enregistrer chez moi mon premier album !
En échange de votre soutien, vous serez assuré de ma gratitude éternelle. Ouais, rien que ça. Et vous pourrez suivre le déroulement de cet enregistrement sur ce blog, avec des photos et tout. En revanche, si vous voulez avoir le CD, il faudra l’acheter. Je suis pas non plus les resto du cœur.
Merci à tous !
Fikmonskov
PS. Je remercie au passage ces trois jeunes garçons qui m’ont donné cette si bonne idée. Big up les gars.
Vous vous en doutez : je déconne, je ne suis pas sérieux. En revanche, ces trois garçons le sont, eux, sérieux. Oui oui, vous avez bien compris : ces trois jeunes hommes dans la force de l’âge comptent sérieusement sur la générosité des gens pour se payer les plus belles vacances de leur vie, juste parce que l’un d’entre eux est malade. Rusés, les mecs.
Leur projet est un superbe exemple (parce que poussé à un degré que je n’imaginais même pas envisageable) de l’hypocrisie que peut représenter ce qu’on appelle, des larmes dans les yeux, « l’humanitaire ». C’est beau, « humanitaire », il y a « humain » dedans, ça sonne comme « humaniste ». C’est chouette, et ça permet à des petits branleurs de se payer un an de vacances après trois ans d’école de commerce payée une fortune par papa et maman, dans des pays exotiques. Un an à « aider les gens », voilà qui suffit à se donner bonne conscience pour le reste d’une vie à arnaquer le monde, à exploiter les pauvres – ces mêmes gens qui vivent dans des pays exotiques – et à vendre de la merde aux riches.
C’est sans doute ce qui explique que « les gauchos » de la ville où ces trois jeunes étudient leur soit tombés dessus. Issus d’une école privée marquée à droite, archétypes du militant LMPT, ils sont des cibles idéales. Et je n’arriverais pas à les défendre.
Dites, les jeunes, si vous voulez aider les gens, allez bosser dans une maison de retraite ou dans un centre d’accueil pour mineurs délinquants ou pour jeunes femmes enceintes (ça aura en plus le mérite d’être cohérent avec vos danses sur « Gangnam style » à la marche pour la vie). Ah, c’est sûr que c’est moins exotiques que l’Afrique ou Haïti. C’est sûr que ça fait moins stylé sur Instagram ou sur Twitter. C’est sûr que vous reviendrez moins bronzés…
Allez, je suis sympa : si vous voulez vraiment de l’exotisme, allez donc soutenir les chrétiens d’Orient ou ceux du Kosovo. Ça aura autrement plus de gueule que votre « épreuve sportive et collective ».
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Pendant ce temps, moi je vais aider mon pote Jean-Claude. Jean-Claude est aveugle de naissance. Il aimerait monter une opération pour prouver qu’on peut être aveugle et vivre sa passion quand même. La passion de Jean-Claude, c’est de passer ses soirées avec des femmes superbes. Ensemble, nous allons partir en voyage pour faire le tour des plus beaux restaurants du monde pour y inviter des nanas magnifiques. À chaque fois, nous posterons des photos pour montrer aux aveugles du monde entier qu’on peut vivre malgré le handicap.
Si vous voulez nouas aider à réaliser le rêve de Jean-Claude, envoyez-nous des sous pour payer des supers repas à ces supers nanas. Et aussi pour acheter une super voiture pour attirer ces supers nanas dans ces supers restaux !
Ne ratez pas l’occasion de participer à une si belle aventure humaine !
PS. J’oubliais : si vous connaissez un aveugle qui pourrait devenir mon pote, ça m’aiderait bien. Surtout s’il s’appelle Jean-Claude.
[Ajout à 19h49 : Coline Serreau avait déjà tout dit, sur ce sujet-là comme sur un paquet d’autres, dans son superbe La Crise.]
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A reblogué ceci sur No One Is Innocent….
Je ne résiste pas. Désolé.
Je suis myope depuis l’âge de sept ans et je rêve de devenir un grand écrivain, entouré de jeunes femmes toutes très belles, au goût littéraire sûr et pourtant rendues folles par ma prose.
Vous croyez que j’ai une chance ?
Je ne sais pas, mais je peux sûrement vous aider.
Merci Olivier de dévoiler ainsi ma source d’inspiration. Traitre !
(Et en plus il est beaucoup plus drôle que moi.)
Fik, petite précision! Les jeunes en question ne sortent pas d’une école de commerce… Mais de l’ICES, ce qui est un comble…. Surtout quand on sais que le projet mes propres vacances aux frais des entreprises (=> 4L trophy) avait brutalement pris fin avec une fin de non recevoir violente et abrupte de celui qui étais à l’époque secrétaire général de cette vénérable institution
Je sais, l’évocation de l’école de commerce était plus générale, elle ne concernait pas ces trois jeunes gens.
Parce que l’air de rien mon attaque n’est pas concentrée sur eux : le problème est bien plus général.
En même temps, si leur projet ne vous agrée pas, rien ne vous oblige à le financer, donc pourquoi un tel déchaînement ?
En cherchant des financements, ils vont du coup expliquer les tenants de leur projet : la muco. Si la maladie peut être mieux connue (et donc traitée, par une augmentation de dons à la recherche), pourquoi pas ?
Quant aux autres formes de dons aux autres, certes, mais les besoins sont partout, dans les maisons de retraite aussi bien que dans les favelas de Mexico, certaines « formules » conviennent mieux à certains, c’est donc très bien que tout cela existe !
« rien ne vous oblige à le financer, donc pourquoi un tel déchaînement ? » Mais ? Parce que c’est honteux, peut-être, non ? Si rien ne t’oblige à financer le mariage homo, pourquoi te lèves-tu contre ? De plus, il n’y a pas de déchainement : j’explique, c’est tout.
« Si la maladie peut être mieux connue (et donc traitée, par une augmentation de dons à la recherche), pourquoi pas ? » Donc en fait le seul gain de l’opération sera accessoire, presque accidentel. Je confirme : ça me choque.
« certaines « formules » conviennent mieux à certains », mais celle-là est honteuse, profondément honteuse. Bien sûr que chacun fait ce qu’il veut. Un de mes meilleurs amis est en ce moment au Chili, je ne lui crache pas à la gueule en disant qu’il aurait mieux fait d’aller à Montluçon. La différence, c’est qu’il n’est pas en vacances à nos frais, et qu’il ne fait pas passer les vacances qu’il passe là-bas (il y est pour deux ans) pour des aventures humaines et sportives.
Tu es un peu rude tout de même aujourd’hui !
1/ J’ai deux potes qui font un tour du monde après avoir bossé quelques années. Ils commencent par un tour d’Europe à moto en s’arrêtant dans les hôpitaux pour faire des spectacles de guignol et de magie aux enfants malades.
Pour l’ensemble ils mettent environ 15000€ de leur poche et ont levé 1000€ auprès de leurs proches et amis… sans compter que l’organisation des spectacles c’est tout de même un sacré boulot et toute une logistique !
Je trouve que c’est un bon exemple de combo « humanitaire-trip » sans être trop hypocrite !
2/ Tu ne voudrais pas faire un article sur les « nominations » Facebook en ce moment ? C’est lourd 😉
Bonne journée !
« Ils commencent par un tour d’Europe à moto en s’arrêtant dans les hôpitaux pour faire des spectacles de guignol et de magie aux enfants malades. » Ils vont dans les hôpitaux, eux.
« Pour l’ensemble ils mettent environ 15000€ de leur poche et ont levé 1000€ auprès de leurs proches et amis » Les trois gus en question demandent 5000€. Je ne sais pas ce qu’ils mettent de leur poche.
Il y a un certain décalage, non ?
Je ne critique pas le fait de profiter de l’humanitaire pour s’offrir une belle aventure, une belle opportunité ou n’importe quoi d’autre. Mais il faut que ça soit équilibré, et que la demande de fonds soit cohérente avec la balance « fun / don de soi ».
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Rien à dire sur les nominations Facebook : c’est un non-événement, ça revient tous les mois. Peu importe.
Caro : « En même temps, si leur projet ne vous agrée pas, rien ne vous oblige à le financer, donc pourquoi un tel déchaînement ? »
C’est le même argument qu’on nous sert pour la publicité : « personne ne m’oblige à acheter ».
C’est confondre la réclame à la bon-papa, légitime (encore que… certains se plaignaient de la pub débile et débilitante il y a déjà un siècle ou plus…), et la publicité d’aujourd’hui, qui est partout, même là où on ne la soupçonne pas, et qui utilise les dernières avancées de la connaissance en psychologie, neuro-science, technologie personnalisée et géolocalisation pour nous forcer à l' »acte d’achat » compulsif, en agissant sur les leviers les plus fins et intimes voire primaires de notre humanité blessée.
Que voulez-vous, le « moral des ménages » se mesure uniquement à leur consommation, vecteur de « croissance » aveugle, nous dit-on. Alors que les faits montrent le contraire : jamais les « cons-sots-mateurs » n’ont été aussi déprimés qu’aujourd’hui.
Première mesure de salubrité publique à prendre : interdire la publicité, dissoudre les agences.
C’est cadeau :
http://www.wat.tv/video/trailer-spring-break-heart-6w5nd_6w0cl_.html
M’est avis que ces gamins de vingt ans à peine ont compris le monde bien mieux que certains vieux (avant l’âge) ronchons… Et ils ne se contentent pas d’avoir compris, ils agissent, en l’occurrence pour aider leur pote malade tout en se tapant un road trip sympa, ou comment joindre l’utile à l’agréable, dans une logique gagnant-gagnant.
« aider leur pote malade tout en se tapant un road trip sympa »
Présenté comme ça, pas de souci, je suis même à fond avec eux !
Mais relisez donc leur petit topo… rien à voir.
@PMalo
>> J’ai beau relire, je ne vois toujours que trois jeunes gens – dont l’un souffre de mucoviscidose, maladie, qui, je le précise à toutes fins utiles, réduit dramatiquement l’espérance de vie, même en cas de prise en charge adéquate – qui exposent leur projet de road trip d’un an et font appel au financement participatif pour le réaliser. Au passage, on est très loin de la gouaille des jeunes diplômés d’école de commerce et encore plus loin des techniques de neuromarketing ; quant aux parents, le fait qu’ils soient éventuellement fortunés n’impliquent pas qu’ils inondent leurs gosses de fric ou passent tous leurs caprices (j’en connais même quelques-uns qui raisonnent plutôt comme suit : « Tu veux de l’argent ? Prouve que tu es capable d’en gagner ! ») Et si, il s’agit bien d’aider leur pote, non seulement en lui faisant vivre une expérience inoubliable, mais qui plus est en attirant l’attention des citoyens européens sur sa maladie. En clair, ces gamins ont compris le principe de visibilité et l’exploitent habilement, au service d’une bonne cause. Finalement, qu’est-ce qui vous gêne ? Qu’ils prennent du plaisir dans l’opération ?
Ce qui me gêne, c’est le vocabulaire employé.
Entre « on fait un road-trip entre potes, dont un malade, merci de nous filer les 3 sous qui nous manquent » auquel j’adhère sans souci et « snif snif les gens on fait de l’humanitaire aboule la maille contre ma reconnaissance éternelle et la bénédiction sur 12 générations de tous les muco de France », il y a un décalage : on appelle ça de la « communication ».
C’est un métier, une technique, de l’entourloupe. Je connais, j’y suis passé.
Je crois que Fik peut aussi en parler, c’est un peu son métier en ce moment 😉
Ces 3 gusses, sûrement sympathiques et pleins de bonnes intentions par ailleurs, n’y sont pour pas grand chose : en effet, ils exploitent (de façon très malhabile, je trouve, contrairement à vous : les ficelles sont hénaurmes) les 3 leçons de com’ qu’ils ont suivies (ou pas…) à l’école.
Le problème est plus grand.
C’est qu’aujourd’hui, grâce à la com, la « pédagogie » (comme disent les politicards), la pub, on nous vend du vent avec tous les superlatifs qui vont bien.
On nous vend de la lessive avec de la mystique, des bagnoles avec de la métaphysique, des surgelés avec du cul.
Parce que « lessive », ça fait pas trop extatique, « bagnole » ça fait pas assez existentiel, et « surgelés » ne fait plus bander grand monde.
Les mots n’ont plus de sens. Et la mystique, la métaphysique et l’amour en ressortent rabaissés.
Je sais pas vous, mais quand je parle métaphysique, mystique ou amour, j’ai maintenant l’impression d’être un sous vrp de province ou un représentant en caleçons.
@PMalo
>> La communication existe depuis que le monde est monde. Lorsque Moïse entend libérer le peuple juif, il en appelle à Yahweh, divinité supérieure à Pharaon et aux dieux égyptiens réunis, il ne déclare pas qu’il serait peut-être temps que son peuple se révolte et s’organise politiquement. Lorsque Rousseau veut souligner la distance sociale entre le bas peuple et la noblesse, il ne pond pas une analyse de la pauvreté en France, il raconte l’histoire de cette grande princesse qui, ayant appris que les paysans n’avaient pas de pain, aurait répondu : « Qu’ils mangent de la brioche ». Quand vous séduisez une femme, vous ne lui dites pas que vous la trouvez baisable et pourquoi pas bonne à marier, vous la faites rêver. Quand vous passez un entretien d’embauche, vous mettez l’accent sur ce que vous pouvez apporter à votre éventuel futur employeur, vous n’expliquez pas que vous devez travailler pour vivre. Bref, la question n’est pas de savoir s’il faut communiquer ou ne pas communiquer, mais à quelles fins on communique. Et là, je peux vous rejoindre : en effet, aujourd’hui, la communication est utilisée à tort et à travers pour des buts limités, voire discutables. Je tempérerais néanmoins votre tableau apocalyptique du jeu publicitaire : les professionnels du domaine savent pertinemment que les ficelles s’usent rapidement et que les consommateurs sont de moins en moins dupes de ce qu’ils voient, parce qu’il y a une habituation à l’image, voire une résistance qui se développe.
Quant à la perte du sens des mots, le sujet opposait déjà les sophistes et Socrate (du moins selon Platon)… Vous parlez de métaphysique, de mystère et d’amour, vous ? C’est peut-être bien là tout le piège. Une cure de Wittgenstein vous ferait du bien : ce dont on ne peut parler, etc.
On peut parler bagnoles et surgelés, si vous préférez.
« Les professionnels du domaine savent pertinemment que les ficelles s’usent rapidement et que les consommateurs sont de moins en moins dupes de ce qu’ils voient, parce qu’il y a une habituation à l’image, voire une résistance qui se développe. »
Vous nous dites ça le plus naturellement du monde.
Pour « tempérer » mon « tableau apocalyptique « , comme vous dites.
Raté.
Tout le problème est là, justement.
C’est pour contrebalancer cette habituation qu’on en arrive aux neurosciences cumulées à la puissance des gadgets techno (et tout et tout), pour que le mouvement (vers quoi ?) ne s’essouffle pas.
Chose inédite, vous en conviendrez.
De surenchère en habituation, jusqu’où ira-t-on ?
Qu’en disent vos penseurs ?
Si l’homme n’a pas changé, les moyens si.
La culture, dans toute tradition, visait justement à modérer les appétits humains… Peut-on encore parler de culture aujourd’hui ? « Culture Pub » : tout est dit.
Culture, moyens techniques : différence de degré ou de nature ? J’ai mon idée.
Et tout cela en combien de temps ? Facteur à prendre en considération :
Quand il fallait, il y a encore quelques décennies, 1 ou 2 générations pour s’adapter à une nouveauté, on en arrive aujourd’hui à 12 nouveautés révolutionnaires par quart de demi génération ; je ne suis pas né dans le même monde que mon petit frère de 3 ans de moins que moi, alors que peut donc en penser ma grand-mère ???
Comment simplement vivre en telle situation ? Comment transmettre quoi que ce soit ?
Impossible. Crise existentielle généralisée, et course frénétique vers rien.
Alors on fait de la « com » et de la « pédagogie », pour faire passer la chose et accélérer encore et encore le machin.
Tout ça pour dire que non, il n’y a pas « continuité d’un phénomène naturel propre à l’humain », « la ligne du temps », « le progrès fatal et nécessaire », toutes ces foutaises confortables pour ne surtout rien remettre en cause : aujourd’hui, tout est rupture permanente.
La fameuse « crise » est devenu un état, pas une période transitoire entre deux états à peu près stables.
Nous nageons en pleine débauche totalement inédite, et sans aucun recul.
Notre monde est un canard qui court en rond de plus en plus vite, sans se rendre compte que sa tête est à plus de dix pas derrière…
On finira bien par se prendre un mur.
« La communication existe depuis que le monde est monde. » Giga lol.
Ça fait un peu copie de bac de philo…
C’est d’actualité, je sais, mais faites un effort.
Une copie qui commence comme ça, c’est d’office moins de 12/20 (euh… 25).
« Notre monde est un canard qui court en rond de plus en plus vite, sans se rendre compte que sa tête est à plus de dix pas derrière… » : c’est vrai, mais, puisque le canard tourne en rond, il ne peut laisser sa tête derrière lui en permanence. La retrouvant parfois, le voilà rassuré : il se dit qu’il peut continuer ainsi assez longtemps (raisonnement absurde, puisque celui d’un canard qui n’a plus de tête…).
Plaisanterie à part, cela pourrait illustrer l’acharnement à répéter ses erreurs que l’on rencontre dans bien des domaines (mais nous dévions du sujet de ce billet, je crois).
Ce n’est pas grave, on a déjà dévié un peu avec la communication mais ça me va très bien.
@PMalo
>> C’est amusant cette position de supériorité que vous adoptez sitôt qu’on ne partage pas votre avis. Amusant et plutôt symptomatique. Car derrière ce discours catastrophiste rabâché et finalement superficiel, j’entends surtout votre angoisse face à l’accélération du monde et votre manière particulière de la gérer, soit ce fantasme d’un mur qui s’abattrait sur l’humanité, forçant celle-ci à retrouver un Nord hypothétique. Le problème, c’est que l’humanité est par définition vouée à la démesure, à « l’anticipation osée » (Raymond Ruyer), rendant son existence périlleuse. Et ça, vous ne le changerez pas, même en instaurant une dictature fondée sur la « sobriété », comme dirait Serge Latouche. Le plus drôle, c’est que l’optimiste, dans l’histoire, c’est vous : vous croyez à une valeur intrinsèque de l’humanité, d’où vos avertissements répétés pour qu’elle ne disparaisse pas. Ce n’est pas mon cas. Pour moi, l’humanité n’est qu’une espèce parmi d’autres, qui s’éteindra probablement un jour ou l’autre quoi qu’elle fasse, cédant la place ici-bas aux calmars géants, pourquoi pas (Théodore Monod). Vous évoquez une « course frénétique vers rien » : mais où voudriez-vous que nous allions, au sein d’un univers indifférent ?
« C’est amusant cette position de supériorité que vous adoptez sitôt qu’on ne partage pas votre avis. »
Je me suis arrêté là : jusqu’ici le WE a été bon, autant qu’il le reste.
Merci, bonsoir.
Je ne dévie JAMAIS 😉 , puisque tous ces petits sujets sont liés et n’en font qu’un, chacun étant un des symptômes du mal civilisationnel, existentiel, dont nous souffrons tous.*
Il faut remonter aux causes, trouver la cohérence qui les unit, pour agir à la racine**.
Sinon on brasse de l’air, et on agite frénétiquement ses petits bras dans le vide.
Ça peut faire joli -certains le font très bien, mais ça ne résout rien.
Pire, ça rajoute du bordel au bordel.
* Le refus de toute limite, le rêve de l’illimité, la démesure.
cf. « Nos limites – pour une écologie intégrale » et « Décroissance ou décadence », 2 petits livres tout juste sortis et à lire impérativement. Accessibles à tous, sans modération ! (pub)
** Décoloniser son imaginaire, « déconstruire » (et oui) nos mythes, pour se reconstruire en se reconnectant au réel, en se réappropriant très concrètement le temps et l’espace, conditions et formes du réel et de la vie. Personnellement ET collectivement.
Grandiose, votre accélération vers l’indifférence universelle du calamar géant hypothétique.
J’ai ri.
Ou lu trop vite.
Plus sérieusement, je crois qu’on ne pourra jamais être d’accord : les divergences sont trop profondes.
Mais je crains que vos positions soient intenables et contradictoires. A moins que l’absurde ne vous fasse pas peur.
Mais si tout est accidentel, indifférent, fatal et nécessaire à la fois, je crains que les mots « cohérence », « raison » et « absurde » (par exemple) n’ont pour vous pas plus de sens que d’autres. Bref on parle pour ne rien dire.
Tant pis. Restons-en aux bagnoles et surgelés.
(Mais pour quoi et pourquoi réfléchissez-vous, alors ? Juste pour passer le temps en attendant le néant, parce que vous avez un cerveau qui doit être malgré tout occupé ?)
(Dire que tout est absurde et indifférent, c’est déjà tenter de trouver un sens et donc ne pas être indifférent ; position absurde, contradiction interne. Si ça vous va…)
Agg, dans un de vos premiers commentaires sous ce fil : « mucoviscidose, maladie, qui, je le précise à toutes fins utiles, réduit dramatiquement l’espérance de vie, même en cas de prise en charge adéquate »
A votre place, si j’ai bien compris, j’en aurais rien à foutre : si c’est la voie vers le calamar géant, vous devriez vous en réjouir, ou du moins rester indifférent.
Donc je m’interroge.
(Question sérieuse : j’essaie de comprendre.
Mais peut-être n’y a-t-il rien à comprendre…)
Je suis heureux, PMalo, que tu en arrives enfin à la même conclusion que moi : répondre à Agg ne sert à rien.
Ouf, il était temps.
(Ce temps qu’on va donc enfin cesser de perdre en vain.)
😉
Je sais bien, mais je me souviens qu’une ou deux fois il est arrivé qu’il jette quelques pavés douteux et néanmoins bienvenus dans la marre de tes certitudes que je trouvais un peu rapides…
Une ou deux fois.
Si tu as eu un bon we, tant mieux pour toi.
Moi, c’était assez limité et terriblement frustrant (non, hier soir, c’était rigolo), j’ai donc besoin de me défouler le neurone un petit peu.
C’est tout.
@PMalo
>> Vous m’avez lu bien vite, je le crains. Je n’ai pas dit que tout était absurde et indifférent, j’ai dit qu’à preuve du contraire l’humanité n’avait pas de valeur intrinsèque dans un univers indifférent. Il n’y a contradiction à vos yeux que parce que vous confondez la valeur relative, opératoire, d’un concept avec sa valeur absolue, objective, donnant ainsi dans un anthropomorphisme grandiose. Ce n’est pas parce que nous autres humains avons besoin de sens dans nos vies que ces dernières en ont nécessairement. Ce n’est pas parce que nous autres humains préférons la santé à la maladie que cette préférence témoigne d’un ordre sous-jacent faisant de l’humain un être de quelque importance dans l’univers. Dans le même registre, ce n’est pas parce que notre cerveau nous permet de nous poser de brûlantes questions métaphysiques que ces questions sont automatiquement pertinentes ni, si elles le sont, que nous soyons en mesure d’y répondre. Quant à mon cerveau particulier, je l’emploie à rendre l’attente du néant confortable pour moi et mon petit cercle d’influence. Je n’ai en effet pas assez d’ego pour prétendre sauver le monde ou guérir l’humanité du supposé mal qui la ronge, mais je sais que d’autres, dont vous êtes, apparemment, n’ont pas mon terrible défaut et prennent les choses en main.
Je m’en tiendrais là, car je sens que mon hôte ne saurait me tolérer encore bien longtemps : malheur à la vague qui menace le château de sable édifié avec application. A l’occasion, si le cœur vous en dit, repassez barboter sur mon blog : la plage est totalement libre d’accès et on ne s’y prend pas au sérieux.
Il n’y a ni vague ni château de sable, il y a juste que vous êtes lourd et vain. C’est tout.
« Vous m’avez lu bien vite, je le crains. »
Non, Agg, j’ai très bien compris tout ce que vous me dites, et je constate donc bien que nous ne serons jamais d’accord sur le fond.
Votre blog, je le parcours de temps en temps (je viens d’y passer… une heure !), et parfois j’aime bien.
Parfois non.
« C’est amusant cette position de supériorité que vous adoptez sitôt qu’on ne partage pas votre avis. »
Puis :
« malheur à la vague qui menace le château de sable édifié avec application »
Cohérence zéro, comme d’habitude.