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Classe : les évêques du monde entier me soutiennent, L'histoire du petit garçon qui criait trop souvent au loup-garou, La théorie du genre n'existe pas, Luttons ensemble contre l'idéologie du genre
C’était un petit village, isolé dans les montagnes. On y vivait comme on vit dans tous les villages de France, voire du monde. Jusqu’à ce qu’un beau jour arrive un groupe d’hommes étranges qui prirent le pouvoir dans le village. Avec eux, ils avaient amené une meute de loups, qui se mirent à roder autour du village. « C’est pour vous protéger, pour vous assurer à tous la sécurité et l’égalité », assurèrent les nouveaux maîtres.
Certains villageois s’en accommodèrent. D’autres refusaient ce qu’ils considéraient comme une violation de leur liberté. Ceux-ci organisèrent la résistance contre les loups.
Apprenant cela, les louvetiers se mirent à prétendre de loin en loin que leurs loups étaient en fait des loups-garous. Et bientôt toute la résistance ne parla plus que « des loups-garous ». Leurs nouveaux maîtres n’eurent bientôt plus qu’à rigoler bruyamment à chaque fois que les villageois parlaient des menaces que faisaient peser sur eux les loups-garous. « Les loups-garous n’existent pas, ce n’est qu’une rumeur, vous êtes vraiment trop nazes », déclaraient-ils. Et nombre de villageois furent rapidement convaincus que la résistance résistait contre quelque chose qui n’existait pas.
Régulièrement, certains des résistants s’agaçaient et enjoignaient leurs camarades à cesser de parler des loups-garous, qui effectivement n’existaient pas, parce que ça détournait les autres villageois du vrai problème.
La plupart du temps, ils se faisaient lancer des pierres par les autres résistants, qui les accusaient de ne pas voir le danger que les loups-garous faisaient courir aux villageois, alors même qu’ils étaient souvent parmi les plus virulents ennemis des loups. Seulement, ils ne voulaient pas perdre du temps, de l’énergie et de la crédibilité à combattre contre des trucs qui n’existent que dans les contes pour enfants.
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Vous l’avez peut-être compris : ce petit conte vachement bucolique renvoie à ce que certains crèvent manifestement d’envie d’appeler « l’affaire du retournement de veste de Fikmonskov sur la théorie du genre ». Parmi eux, le Salon Beige. Qui m’accusent de refuser de parler de « la théorie du genre »… juste avant de préciser que… eux non plus ne le veulent pas : « Disons le tout net : nous récusons le terme de théorie à ce qui n’est qu’une idéologie. Parler de théorie c’est donner une once de légitimité à un système pervers ».
On a donc un peu de mal à comprendre ce qu’ils me reprochent au juste.
On comprend un peu mieux ensuite : tout leur article montre à quel point « l’idéologie du genre » est dangereuse. Et l’idéologie du genre, d’après les citations du Salon Beige, c’est ça (et je n’ai choisi que des extraits que eux-mêmes ont mis en gras) :
Derrière l’utilisation toujours plus répandue de l’expression « genre », au lieu du mot « sexe », se cache une idéologie qui cherche à éliminer l’idée que les être humains se divisent en deux sexes.
Ou
La théorie du genre présente les relations entre les hommes et les femmes en termes de pouvoir, de rivalité et d’opposition
Ou encore
La différence sexuelle est devenue la nouvelle caractéristique de la lutte des classes sexuelles dont il faut se libérer
Et aussi
Il faut donc déconstruire tout ce qui peut rappeler les normes d’une société fondée sur la différence sexuelle, ne plus parler de père, de mère, de mariage et de la filiation enracinée sur des rapports biologiques. La famille sociale serait privilégiée au détriment de la famille biologique
Ainsi que
La théorie du genre est une idéologie sociologisante occidentale des relations hommes-femmes, qui s’attaque à l’identité sponsale de la personne humaine, à la complémentarité anthropologique entre l’homme et la femme, au mariage, à la maternité et à la paternité, à la famille et à la procréation
Et enfin
L’idéologie du gender est le résultat de changements idéologiques et culturels qui sont, depuis quelques dizaines d’années, profondément enracinés dans le marxisme et le néo-marxisme et promus par certains mouvements féministes et de la révolution sexuelle
En bref : négation de la différence des sexes ; opposition homme/femme (sur le modèle de la lutte des classes) quand il y a complémentarité ; déconstruction des normes ; le tout impulsé par certains mouvements féministes qui y ont vu un moyen de servir leur lutte.
Et que disais-je, moi, dans l’article où j’avouais que j’étais un traître à la cause ? Ceci :
[…] nous pouvons facilement montrer que nos opposants se basent quasi-exclusivement sur la théorie de Butler, féministe radicale qui a utilisé les études de genre pour dire que les comportements sexués étaient définis par les hommes depuis toujours dans le seul but d’asservir les femmes, et qu’il fallait donc supprimer toutes les différences sexuées pour enfin atteindre l’égalité.
Vous constaterez vous-même que je m’oppose radicalement à ce que le Salon Beige rappelle. Non ?
Bien sûr que non, pas une seule seconde : je dis la même chose que les évêques qu’ils citent, et ce depuis des années.
Sur la différence des sexes :
Une nouvelle mission pour les Femen : rendre les Zoé à l’état de nature
L’enfer, c’est l’autre quand il n’est plus autre (On y parle aussi de la déconstruction des normes et de l’effet antisocial qu’elle a)
Le jour où un article polémique n’a pas déclenché la polémique que j’attendais
Sur la relation homme/femme vue comme une lutte :
S’il y avait un conflit, ceci serait un plaidoyer masculiniste. Mais il n’y a pas de conflit
Où l’égalitarisme forcené sort les femmes de la cuisine pour les faire passer à la casserole
Sur la déconstruction des normes :
Peut-on parler de « promotion de l’homosexualité » ?
Entre autres. Bref, je suis effectivement un beau modèle de fanatique de l’idéologie du genre, n’est-ce pas ?
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Précisons donc, une fois pour toute : je ne nie pas les dangers de l’idéologie du genre telle qu’elle est présentée et utilisée par nos « élites ». Au contraire, c’est parce que je crois qu’elle est vraiment dangereuse que j’appelle mes camarades à arrêter de hurler au loup-garou quand c’est un loup qui leur bouffe la jambe. Parce que ça n’aide personne à lutter contre la vraie menace. Et au contraire, ça permet à d’autres de faire croire que non, personne ne leur bouffe la jambe, puisque les loups-garous n’existent pas. Et donc de passer sous silence le fait que ce sont eux qui envoient leurs loups nous bouffer.
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Pour en savoir plus sur ce sujet, je ne saurais trop vous conseiller de lire ce petit bouquin.
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Si ça peut vous consoler, vous avez tout mon soutien. Vous faites du bon boulot et il est dommage que vous soyez victime de ce genre de « tirs amis ».
Ils réagissent à ce que tu disais, comme quoi « la » théorie du genre n’existe pas (il en existe plusieurs) ? Un peu comme nous quand Najat a dit « Ca n’existe pas… en revanche, les études de genre existent » ? Ils réagissent trop vite, c’est ça ?
Il y a bien des gens qui se sont offusqués de la grimace de Taubira dans le studio de radio, en interprétant mal ce qu’elle avait fait..
Je reste un peu circonspect sur ce débat entre le salon beige et vous.
Il ne faut pas à mon sens oublier qu’il y a deux niveaux de débats.
Le technique d’un côté que vous soulevez, et tant mieux d’ailleurs car il y a besoin de se former. Ce débat technique ne doit pas cependant rentrer dans un pointillisme sur les » certaines bonnes études du gender » ou les « pires études du gender ». Il y a « des théoriciens du gender » certes, mais il ne faut pas perdre de vue les motivations profondes générales et l’incompatibilité plus ou moins grande avec l’enseignement d’une institution qui réfléchit sur l’homme depuis 2000 ans. Toute idéologie part d’un bien en soi, mais qui devient un but en soi qui se coupe du réel. Que ce soit Butler ou un autre sociologue qui influe le plus aujourd’hui n’est pas l’essentiel. C’est important de le savoir, mais en tant que personne cherchant à se former. L’essentiel est de voir qu’une vision qui éclate la complémentarité homme femme ne marche pas et de mettre en avant la vision de l’homme par l’Eglise et de montrer en quoi elle est la seule véritable (je pense que nous sommes d’accord sur ce dernier point). Sur l’unicité des situations, que je comprends bien, il faut également faire attention. Les études de genre partent justement souvent d’un cas particulier (l’expérience du transexualisme imposé en nouvelle Zelande) ou d’un sujet particulier (pourquoi les filles ne font pas d’écoles d’ingénieur? ) pour justifier une règle générale (égalitarisme homme/femme) ou bien un relativisme (chacun est sa propre mesure et peut faire ce qui lui chante). C’est justement là le gros problème que seul l’enseignement ecclésial permet de résoudre avec ces deux aspects : le général et le particulier : une complémentarité homme/femme, une fonction naturelle et sociale différente, mais tout cela avec une nature humaine blessée qui nécessite un combat quotidien personnel et des psychologies individuelles. Il faut bien entendu étudier les causes des différences naturelles, sociologiques, … hommes/femmes. Mais pas dans n’importe quel but et avec n’importe quel postulat. Mettre le titre de ces études théorique sous le vocable « genre » et non pas « sexe » en dit déjà long.
Le débat plus général d’un autre côté qui illustre au quotidien les impasses d’une vision tronquée des relations hommes/femmes. Que des élus d’opposition critiquent la possibilité même d’une distribution de cartables roses pour les filles bleus pour les garçons est symptomatique d’un grave problème mental de ces gens. La caricature n’est pas tellement dans celui qui dénonce ce phénomène (le salon beige en l’occurence) que dans la critique faite de cette distribution. C’est finalement la même chose pour les crèches interdites dans les lieux publics ou les cloches des églises qui ne sonnent plus dans les villages. Plutôt que de lutter sur le fond, on lutte sur les symboles sociaux. C’est tellement gros qu’il faut savoir le dénoncer pour éviter une société aseptisée qui n’aura plus le courage de reconnaître une différenciation (même dans une symbolique bleu/rose qui peut apparaître caricaturale). La pression mise sur les gens qui continuent de réfléchir naturellement en différence hommes/femmes et qui du coup n’osent plus affirmer symboliquement et publiquement cette différence est très grave. Et de ce que je vois autour de moi, les gens non formés comprennent qu’on se batte pour des symboles sociaux parce que ça leur parle et que ça influe dans leur vie quotidiennes (la crèche sur la place du village, la couleur des cartables, les jeux des enfants, etc.), tandis que leur parler des détails de la théorie de Butler, ils en ont rien à cirer parce que ça ne les intéresse pas.
Bref, je suis globalement d’accord avec vous, pour autant je comprends également très bien les combats « symboliques » que vous qualifiez de caricaturaux du salon beige et je ne les trouve pas vraiment inutiles ni contreproductifs dans ma vie quotidienne.
Oui… Les « tireurs amis » auraient aussi pu ne pas se contenter de lire le titre de votre article. Ah, les paresseux !
Cela dit, j’aime assez votre petit conte vachement bucolique… ou bucoliquement vache.
« pour autant je comprends également très bien les combats « symboliques » que vous qualifiez de caricaturaux du salon beige »
Ce n’est pas un combat symbolique, c’est un combat perdu d’avance parce qu’on s’acharne à attaquer un truc dont tout le monde pense à raison qu’il n’existe pas. Les combats symboliques, très bien, mais une fois qu’ils sont perdus parce qu’on a merdé sur un détail, on arrête et on en trouve un autre.
Ou, dans le cas qui nous occupe, on recadre le débat un bon coup pour rendre l’attaque de l’adversaire inopérante, au lieu de continuer à charger sabre au clair une division blindée. Parce que crever avec panache, c’est beau… mais on crève.
Le salonbeige, quoi.
Pas vraiment d’accord.Là c’est vous qui caricaturez pour le coup. Je trouve injuste qu’on dise de vous que vous avez retourné votre veste sur l’acceptation du gender. Pour autant vos arguments sur ce qu »il faut faire et sur les nuances à apporter m’apparaissent insuffisants. Le débat théorique est utile et nécessaire mais il faut voir les choses telles qu’elles sont. Et de plus en l’occurence le salon beige en vous critiquant a extrêmement bien appuyé doctrinalement sa position (n’allez pas croire que je sois tjs d’accord avec eux hein?) Le gender je l’ai vu se mettre en place dans une crèche de maniere concrete et c’est assez flippant. Qd vous voyez à une réunion de parents deux femmes qui refusent de vous dire pour qui elles travaillent et quelles sont leurs formations et qui vous expliquent que désormais tous les jouets seront asexués et que les enfants joueront avec des jouets neutres (ni poupees ni dinettes ni camions…des formes de couleur…) vous comprenez qu’il y a un gros problème et qu’un gentil debat avec les adversaires suffira. Il y a vraiment des exaltés en face sans nuances aucune qui imposent par la force et la pression des choses inacceptables et qui ne sont que ds le lobby, la lutte symbolique et le rapport de force. Et tres bien organisés pour faire gober des choses absurdes aux gens en les convainquant que c’est magnifique Ne pas s’engager sur leur terrain pour reprendre votre métaphore militaire c’est un peu abandonner la place forte sans combattre tout en se disant qu’on gagnera en negociant la victoire.
Heu….. en même temps , si vous étiez un petit peu plus clair dans le développement et l’explication de votre point de vue !…. ça nous ( et vous ) éviterai ce genre de soucis d’interprétation !? à trop vouloir « alambiquer » les concepts…………
PMalo, le SB fait du bon boulot comme agrégateur de liens. Mais effectivement, quand ils essaient d’aller plus loin, ils se plantent souvent…
Pinkernes : « Il y a vraiment des exaltés en face sans nuances aucune »
Vous avez raison : la solution est donc de devenir nous aussi des exaltés sans aucune nuances.
Sauf qu’encore une fois notre mode d’action est inopérant : ils l’ont désamorcé depuis longtemps. Il faut faire autrement. Même sur un plan purement stratégique, même si on se fout de ces histoires de « vérité », c’est nécessaire.
Philippe, c’était manifestement très clair, puisque d’autres ont compris. Et pas que des polytechniciens ou des philosophes…
Pingback: Najat Vallaud-Belkacem a raison : non, la théorie du genre n’existe pas ! | Le blog de Fikmonskov
Dans ta fable, ce sont les louvetiers qui introduisent le mot loup-garou par manipulation. Dans la vraie vie, c’est votre camp qui a introduit le terme de « théorie du genre ».
Faux : ils utilisent ces mots depuis longtemps, même avant qu’on s’en inquiète.
Il y a une autre voie de lutter contre cette idéologie du genre, c’est de le relativiser par rapport au vrai problème du niveau scolaire moins bon des garçons – en général.
Le mauvais niveau touchant semble-t-il que des populations n’ayant pas accès à l’élite, cette dernière ne reconnait pas ce problème…
Et comme cette tranche de mauvais résultat fait baisser le niveau moyen, elle renforce la croyance de l’inégalité des femmes à atteindre tous les emplois.
Or sans cet accident statistique, la différence entre fille et garçon serait beaucoup plus marginale et ne constateraient que les orientations par goût des uns et des autres.
Les féministes continueraient leur combat mais sans occulter le problème de l’instruction défaillant des garçons, comme en général les problèmes des « petits » Français….
Encore une fois vous caricaturez tout…il ne s’agit pas d’être des exaltés, il s’agit de se battre avec des armes efficaces. Votre analyse sur la différenciation des théories ils s’en moquent bien. Je vous répondrai par blog bientôt.
Je maintiens : ça n’est PAS efficace. Ou alors, montrez-moi les preuves que ça l’est.
Ma contribution au débat http://leblogdepinkernes.hautetfort.com/archive/2014/09/13/les-genres-ou-les-facettes-multiples-des-ideologies-5446794.html
Pour l’efficacité, je maintiens que je peux facilement discuter autour de moi d’un cartable rose et bleu interdit, d’une crèche qui interdit les poupées et les voitures de pompiers, de l’éducation sexuelle au primaire etc. et que cela parle aux gens et les convainc. Il faut des exemples concrets, du réel, pour remonter ensuite au théorique. Je n’ai jamais convaincu personne en citant Butler, pas plus qu’en citant in extenso la somme théologique ou la Bible.
Pas besoin de faire croire que c’est « LA théorie du genre » pour parler de tout ça.
Je vais lire votre article.
J’ai partagé votre article. J’aurais des choses à répondre sur certains points de détail. Mais je persiste à penser qu’il ne contredit pas le mien 🙂