Étiquettes
Charge mentale, Guerre des sexes, Les féministes sont des complotistes, Quelle chance j'ai d'être un homme
La nouvelle connerie féministe du jour : les femmes seraient écrasées par la « charge mentale », ce truc qui fait qu’elles ont toujours 25 trucs auxquels penser en même temps.
« Penser au rendez-vous chez le pédiatre, à la liste des courses, à lancer le lave-linge… En dessinant son quotidien, une illustratrice a souhaité mettre en lumière la « charge mentale » qui pèse sur les femmes, souvent gestionnaires du foyer, une notion floue mais qui parle à beaucoup », nous apprend Rue89.
Les hommes, eux, non.
Les hommes, quand ils sortent du boulot, ne pensent plus à rien. Certainement pas à ce putain de dossier qu’il faudra rendre demain. Évidemment pas à leur patron qui leur demande d’en faire toujours plus. Pas plus qu’à cet entretien à la con avec Machin de la communication qui a encore fait une connerie. Et encore moins à ce RDV super important avec un client dont le départ mettrait la boite en danger.
Non. Nous les hommes, quand on arrive à la maison, on enfile nos pantoufles, on prend un verre de whisky et on s’affale sur le fauteuil… et d’un coup, hop, on passe en mode « off ». On ne pense plus qu’à lire l’Équipe en demandant à Bobonne ce qu’on bouffe ce soir alors qu’elle s’occupe des 5 gosses qu’on lui a faits en pensant au prochain match de Guingamp, alors qu’elle pensait évidemment à sa liste de courses du lendemain.

« Pourriez-vous ma chère faire taire cet enfant ? J’aimerais pouvoir lire sereinement le compte-rendu de Guigamp-Saint-Étienne… »
Les emmerdes du boulot, elles ne reviennent que quand on repasse la porte de notre bureau le lendemain matin. Et au même moment, les emmerdes de la maison, elles… Ah ben non, on n’a pas d’emmerdes à la maison, nous, c’est vrai.
Pas de caisse à emmener chez le garagiste avant qu’elle nous crève entre les mains, pas de pelouse à tondre ce WE, pas de robinet qui fuit un peu et pour lequel faut aller acheter des joints le samedi matin.
C’est quand même cool d’être un homme.
—
Je disais la même chose de façon plus développée et rationnelle ici.
—
Ajout à 12.50 : cette vidéo est très bien et dit beaucoup de choses très justes.
Pardon, mais il me semble qu’il y a une énorme méprise sur le problème souligné par la BD virale et les articles de ces dernières semaines. Le problème n’est pas que les hommes n’ont pas de charge mentale (concept d’autant plus critiquable qu’il est effectivement flou), le problème est que celle du foyer (et donc de la gestion de plusieurs personnes à la fois et non juste de ses problèmes à soi, avec toute la logistique et les capacités d’anticipation et de réaction qu’elle suppose) repose effectivement souvent et en majeure partie sur les épaules des femmes. Alors est-ce que c’est dû effectivement à notre (fâcheuse ? heureuse ? acquise ? innée ? peu importe en fait) tendance à faire/penser à plein de choses en même temps, je n’en sais rien (et je doute vraiment que la réponse soit simple). L’avantage du début de cette fameuse BD (la fin tombant justement dans le travers simpliste et idéologique de la solution miracle par l’éducation « non genrée »…) est qu’elle permettait de faire prendre conscience à certains maris de la lourdeur de cette charge. Lourdeur parce que dans la gestion du foyer, tout est lié, et que beaucoup ont tendance à l’oublier, se contentant justement de ne faire que remplir les tâches ménagères qu’ils ont acceptées sans voir plus loin que le bout de leur nez. Qu’il s’agisse des traditionnels bricolage et gestion de la voiture ou d’activités réputées plus féminines comme la cuisine ou le repassage, ou l’habillage des enfants. Parce qu’il s’agit bien d’aller au-delà de la « répartition des tâches » (et je ne suis pas une partisane du strict 50/50, à chaque couple de trouver son équilibre en fonction des goûts, des compétences, des possibilités matérielles/temporelles de chacun), mais de fonctionner en binôme à la tête du foyer. Peut-être un binôme avec un chef et un second, un peu comme dans une patrouille, puisqu’il est sans doute bon qu’il y ait une seule personne décisionnaire en finalité, et que toutes les décisions ne peuvent pas toujours être prises collégialement, mais où le second est capable d’initiatives intelligentes (et le chef capable de valoriser lesdites initiatives, aussi). C’est-à-dire des initiatives qui ne mettent pas en péril la bonne marche du foyer. Donc des initiatives conscientes du fonctionnement de ce foyer. Surtout (parce que je crois que c’est là le noeud du problème) quand il y a des enfants non autonomes, qui ne peuvent donc ni s’assumer tous seuls, ni participer eux aussi à leur mesure à la vie de famille.
Au hasard, un exemple : quand je choisis les habits de mes filles le matin, je pense :
– à la météo
– aux activités de la journée (salissantes ou non, besoin d’être bien habillé ou au contraire d’habits pratiques, etc.)
– mais aussi à la météo et aux activités des jours suivants, pour avoir ce qu’il me faut pour lesdits jours en attendant la prochaine lessive (prévue de manière plus ou moins souple pour rentrer dans mon emploi du temps, temps d’étendage et de séchage inclus).
(et je ne parle même pas d’assortir les habits entre eux, ce n’est pas un critère essentiel, même si dans un monde où le regard des autres pèse parfois, certains peuvent y attacher énormément d’importance).
Bref, je pondère mon choix en fonction de pas mal de critères qui se renouvellent tous les jours.
Un conjoint non conscient de ces impératifs pour la bonne marche de la maison prendrait les premiers habits sur la pile sans se poser de question (et j’en connais qui ne se posent effectivement même pas la question de la météo). Ce qui fait que son aide temporaire pour quelques minutes a des répercussions sur tout le reste après puisque dans le meilleur des cas il faut changer l’enfant tout de suite, dans le pire des cas cela ajoute un surcroît de charge sur tout ce qui touche au linge. Ce qui peut légitimement agacer la personne qui a tous ces impératifs en tête… le plus souvent la femme, donc.
Après, j’ai assez aimé (elle a aussi ses défauts) cette vidéo : https://www.facebook.com/valeriemajusteplace/videos/1297318293649450/
qui souligne aussi que mettre le doigt sur un problème, ça ne suffit pas à faire sa part du boulot pour le résoudre. Et qu’avant de changer son conjoint, on peut/doit aussi se remettre soi-même en question. Si un fonctionnement est trop lourd, ce n’est pas (que) parce que le conjoint ne fait pas sa part, c’est (aussi) parce qu’on a accepté d’en faire trop ou mal et/ou qu’on se met la pression sur trop de choses et qu’on a du mal à prioriser. Typiquement, dans l’exemple des habits ci-dessus, s’il y a bien une chose pour laquelle il me semble crucial de lâcher du lest, c’est sur l’esthétique des habits, qui n’a évidemment pas d’impact sur le fonctionnement de la maison.
Bref, il y a de quoi lancer pas mal de discussions en couple pour faire le point sur un éventuel épuisement (ou une pente glissante) et tenter d’améliorer ce qui peut l’être. La suite appartient bien évidemment à chacun.
Dommage cette réaction virulente où on est toujours dans le schéma papa travaille et maman reste à la maison …beaucoup de femmes travaillent ( et donc rentrent AUSSi du boulot avec des états d’ame et EN PLUS gèrent le quotidien à la maison) personnellement je suis médecin et mère de 3 enfants : quand j’étais plus jeune je manquais de recul et regrette de n’avoir pas plus « chargé mentalement » mon mari qui certes m’aidait mais sur demande.Les femmes sont souvent perfectionnistes, ne délèguent pas assez donc …messieurs à vous aussi de nous aider à lâcher sur ce qui a moins d’importance et à organiser la vie de famille de façon plus équilibrée.
Le témoignage de Marine Gervais est emblématique. Les femmes sont toujours persuadées que le monde doit fonctionner comme elles l’entendent et que ce qui est important pour elles doit l’être pour tous. La gazette qui « traîne » sur la table basse du salon demeure pour elles un sujet d’hystérie. Il faut la ranger. On ne sait pas pourquoi, mais c’est comme ça. Elles nous pourrissent la vie avec des trucs pareils. Il n’y a jamais de fin.
Allez, un éclairage humoristique (en américain) qui est dans certains cas assez pertinent pour expliquer les différences … https://www.youtube.com/watch?v=3XjUFYxSxDk
Anne-Laure : « le problème est que celle du foyer (et donc de la gestion de plusieurs personnes à la fois et non juste de ses problèmes à soi »
Voilà, c’est ça le problème : c’est qu’encore une fois l’homme n’aurait à penser qu’à « juste ses problème à soi ». C’est faux, c’est insultant, c’est « caricatural ».
—
« L’avantage du début de cette fameuse BD est qu’elle permettait de faire prendre conscience à certains maris de la lourdeur de cette charge »
Si vos maris ont besoin d’une BD sur Facebook pour le comprendre, c’est peut-être que vous avez épousé des gros boulets. Ces questions-là, j’en discute depuis avant mon mariage avec ma femme. Elle a rapidement compris qu’effectivement il fallait me demander pour que je fasse les choses. J’ai rapidement compris que quand elle me demande un truc, c’est parce qu’elle a vraiment besoin d’aide. J’ai aussi vite compris que si j’arrivais à prévoir ses besoins, c’était encore mieux. Elle a vite compris que c’était pas toujours possible.
Bref, on a discuté, on s’est engueulés, on a affiné des trucs et aujourd’hui ça marche. Franchement, c’est ce qui devrait se faire dans chaque couple, il me semble. Et si ce n’est pas la cas, je maintiens que cette BD ne fera rien changer, parce qu’elle est caricaturale et semble nier la charge mentale des hommes. C’est totalement inefficace. Parce que ma réaction « caricaturale », c’est la réaction normale et naturelle de tout homme qui lit ça. Et moi j’ai été soft, je vous assure : des réactions infiniment plus violentes que les miennes, j’en entends souvent. Je suis un doux, moi, vraiment.