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La France contre les Robots, Le monde dont nous voulons, Notre-Dame des Landes et anti-"mariage gay" : même combat, Opposition radicale au monde moderne, Soutien à la Zad
Rappel des faits : en ce moment et depuis deux semaines, la Zad (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, est le théâtre d’affrontements entre 2500 gendarmes et quelques centaines de zadistes. Les gendarmes sont envoyés pour démanteler la Zad suite à l’abandon du projet d’aéroport. Ceci passe par la destruction de lieux de vie construits par les zadistes ces dernières années, notamment des exploitations agricoles qui fonctionnent globalement bien depuis longtemps.
Cette affaire est complexe, très complexe, et cet article ne viendra pas l’expliquer en détails. Je veux seulement apporter quelques éléments de réflexion qui permettront peut-être de sortir de la binarité exécrable qui préside généralement à toute discussion sur le sujet.
Commençons par quelques précisions.
1. Je déplore évidemment toute utilisation de la violence sur la Zad. Des deux côtés. Je regrette que l’État fasse usage de la force d’une façon totalement démesurée (2500 gendarmes aujourd’hui pour quelques centaines d’opposants sur une zone délimitée, alors que la menace terroriste est loin d’être éradiquée) et je regrette tout autant que certains zadistes semblent déterminés à se faire du flic.
Je préfèrerais évidemment que tout ça se passe dans le calme et que ça soit réglé diplomatiquement.
C’est évident, c’est dit clairement, avançons.
2. Je tiens également à préciser que, dans cette affaire sans doute encore moins que d’habitude, je suis totalement conscient de ce que tout n’est pas génial d’un côté et affreux de l’autre. Si je n’ai quasiment jamais écrit sur ce sujet qui pourtant me fascine depuis longtemps, c’est aussi parce que j’ai énormément de mal à y voir assez clair pour affirmer quoi que ce soit.
3. La question de la légalité des uns et des autres ne m’intéresse pas. Croire que la loi est un repère moral est une erreur totale. Il a été légal d’arracher des gens à leur terre pour leur mettre des fers au cou et les faire travailler dans des champs de coton. Il a été légal d’envoyer des gens mourir dans des camps à cause de leur religion et de leur race. Il est légal aujourd’hui encore dans certains pays d’épouser une fille à peine pubère ou de jeter un homosexuel du haut d’un bâtiment. Et aujourd’hui en France, il est légal de tuer un enfant dans le sein de sa mère.
4. La question de la propriété est déjà plus intéressante, parce qu’elle déborde du cadre de la légalité. Aux fanatiques de la propriété, je voudrais quand même rappeler que ces terres ont été arrachées à leurs propriétaire par l’État, ce qui déjà relativise un peu la chose. De plus, l’État a fait usage de son droit à l’expropriation au profit d’une entreprise privée, Vinci, qui a acheté ces terres à l’État au prix de l’indemnisation des propriétaires. Sur le plan moral, c’est quand même très léger, et pleurer aujourd’hui sur la propriété privée du pauvre Vinci est grotesque. (Par ailleurs, certains sur la Zad sont, de fait, sur leurs terres qu’ils ont refusé de quitter.)
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Ceci étant posé, entrons dans le cœur du sujet.
Qu’est-ce qui se joue, profondément, à Notre-Dame-des-Landes (NDDL) aujourd’hui ? Clairement, la question de l’aéroport est réglée (en théorie) : c’est fini, il n’existera pas. (J’ose croire que mon premier réflexe qui a été de me demander si cette annonce n’avait pas pour seul but de libérer le terrain pour les engins de chantier relevait d’un pur délire paranoïaque.) Mais l’aéroport n’était pas l’alpha et l’oméga de cette affaire.
Ce qui se joue à NDDL est bien plus profond que l’aéroport, qui n’était qu’un symptôme. La question qui se pose aujourd’hui sur la Zad est celle de savoir de quel monde nous voulons.
Voulons-nous d’un monde qui bétonne des espaces naturels pour nous permettre d’aller toujours plus loin toujours plus vite ? Voulons-nous d’un monde qui se coupe toujours plus de la nature, qui empêche l’homme de planter des racines, de s’ancrer dans un terroir, c’est-à-dire sur une terre ? Voulons-nous d’un monde où la seule raison de se lever le matin est de travailler plus pour gagner plus pour consommer plus ? Voulons-nous d’un monde où la valeur de chacun se mesure à ce qu’il possède ? Voulons-nous d’un monde où chacun est en concurrence avec tout le monde ? Voulons-nous d’un monde qui, semblable à la grenouille de la fable, espère toujours pouvoir croitre plus, avec la conséquence qu’on sait ?
Personnellement, je ne veux pas de ce monde-là, et en cela je rejoins « les crasseux gauchistes » que sont les habitants de la Zad, bien plus que je ne rejoins la plupart des gentils bourgeois de droite plus ou moins catholiques qui demandent plus de répression policière après avoir passé trois ans à hurler à la dictature socialiste et à traiter les policiers de salopards parce qu’ils avaient passé quelques heures en GAV et reniflé quelques lacrymos.
J’espère en un monde où on pourra travailler non pas pour les banques ou des grands groupes tenus par des milliardaires citoyens du monde mais pour nourrir simplement sa famille. J’espère en un monde où la norme ne sera plus à la mobilité mais à l’enracinement. J’espère en un monde où l’on ne se fera plus dicter notre rythme par des montres atomiques mais par les saisons et par le soleil. J’espère en un monde où l’État fera son boulot, tout son boulot et rien que son boulot. J’espère en un monde où notre valeur ne dépendra plus de ce qu’on a mais de ce qu’on est. J’espère en un monde où on pourra se satisfaire d’avoir assez, sans jamais chercher à avoir plus que ce dont on a besoin. J’espère en un monde où le mot « communauté » désignera non plus des minorités prétendument persécutées mais des gens heureux de vivre ensemble et d’unir leurs forces et leurs faiblesses.
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Je le redis : je sais bien que la Zad n’est pas un paradis. Je sais bien que tout le monde ne s’y bat pas pour ce monde-là, et même que certains se battent pour des choses que je continue de tenir pour profondément et intrinsèquement perverses. Je sais bien que certaines méthodes sont discutables – même si un certain nombre de ceux qui les jugent aujourd’hui indéfendables les envisageaient souvent il y a quelques années pour d’autres combats. Je sais bien qu’eux aussi ont leurs incohérences, qui combattent ici contre le déracinement de l’homme tout en le défendant parfois ailleurs.
Je sais bien enfin qu’un certain nombre d’entre eux ne voudraient pas de moi sur place et n’hésiteraient sans doute pas à me virer parce que je suis un sale facho.
N’empêche : dans le fond, le monde que la Zad cherche, c’est un peu celui que je cherche aussi. Le monde auquel la Zad s’oppose, c’est presque entièrement celui auquel je m’oppose aussi.
Et disant cela, après plusieurs années de réflexion sur le sujet, de doutes, d’hésitation, de volte-face, de déchirement parfois, je crois sincèrement être fidèle à ce qui me guide depuis toujours dans mes recherches : une cohérence profonde et une vraie recherche de la Vérité.
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Quelques liens :
– Des paysans vivant sur la Zad, propriétaires des terres qu’ils occupent, ingénieurs agronomes, pratiquant une agriculture raisonnée.
– Un autre paysan présent sur la Zad, aux Fosses noires, lieu ciblé par les dernières opérations de gendarmerie.
– La page Wiki de la Ferme des 1000 vaches, un projet déposé en préfecture, légal comme il faut et qui envoie du rêve.
– NDDL, vers un No Pasaran de droite ?
– Lettre à ceux qui ne s’intéressent pas à NDDL.
– Le genre de choses dont je ne devrais même pas avoir à préciser qu’elles sont scandaleuses et révoltantes, normalement.
Je vous suis en tous points (ça vous étonnera peut-être car même dans les subtilités… mais là n’est pas le sujet). Le point 3 est admirablement tourné.
Qu’il y ait des convergences sur le constat du mauvais fonctionnement de la société c’est certain. Que de ces convergences nous validions les moyens employés ou la finalité recherchée… c’est autre chose. Je désapprouve complètement la partie sur la légalité : la loi positive a vocation à permettre l’actualisation de l’attribution à chacun de ce qui lui revient…et donc à participer de la justice particulière correctrice, du rétablissement de la justice générale et in fine du bien commun. Ce n’est pas parce qu’il y a des lois mauvaises et iniques que le débat sur ce sujet peut être écarté du revers de la main. Refuser d’examiner la question de la légalité pour aborder la seule question de la légitimité est aussi dangereux que la position inverse consistant à dire que la loi c’est le bien dans toutes les situations. La terre n’est pas à celui qui la prend parce qu’il l’a choisi. C’est une optique parfaitement volontariste. Les zadistes ont de plus largement joué de cette soi disant loi illégitime pour retarder judiciairement puis enterrer le projet d’aéroport. En sens inverse la légitimité sans la loi soutient le bombardement en Syrie par nos missiles, avec lequel je crois que vous êtes en désaccord total. Vouloir recréer un modèle social sans réfléchir sur les outils de la régulation de ce modèle est voué à l’échec et surtout à de nombreuses injustices. L’anarchisme chrétien ou l’écologisme intégrale virent souvent (pas toujours) à l’idéologie dans ce cadre…Plus largement il y a un manque de cohérence assez flagrant dans la démarche de la ZAD: j’ai droit à exploiter une terre qui ne m’appartient pas mais j’ai aussi droit aux aides de l’Etat et il doit m’aider à m’installer… Le projet actuel du gouvernement n’est à ce titre pas idiot: refuser l’idée que l’Etat soit propriétaire des terrains (ce que voulaient les zadistes à l’origine sur le modèle Larzac), pour imposer une propriété privée sur des parcelles qui n’auront pas été récupérées par leurs propriétaires initiaux et ce qui va avec: responsabilisation, frais à engager, impôts à régler…cela me semble largement légitime pour le coup et permet de faire rentrer dans une légalité bienvenue une situation créée contre un projet sans doute illégitime.
« J’espère en un monde où on pourra travailler non pas pour les banques ou des grands groupes tenus par des milliardaires citoyens du monde mais pour nourrir simplement sa famille » : on pourrait ajouter « et pour se rendre utile aux autres (à commencer par ses voisins) ». Sinon, comme un autre de vos lecteurs, je goûte particulièrement le fond et la tournure de votre point n°3.
Je signe ce que vous dites, des deux mains. Le point soulevé par Pinkernes est très intéressant, mais ne remet en rien en cause votre argumentaire.
Co To : même si elles ne sont pas exactement le sujet, les subtilités peuvent être intéressantes, n’hésitez pas 😉
Sven et Tuxedosam, merci !
Pinkernes…
– « Que de ces convergences nous validions les moyens employés ou la finalité recherchée… c’est autre chose. »
Ce n’est pas ce que je fais : je ne valide pas tout, loin de là, je l’ai même écrit noir sur blanc en point 1. Et je l’ai redit en conclusion : « Je sais bien que tout le monde ne s’y bat pas pour ce monde-là, et même que certains se battent pour des choses que je continue de tenir pour profondément et intrinsèquement perverses. »
Encore une fois, cet article espère surtout chatouiller un certain nombre de gens de mon entourage, bourgeois de droite (comme je le suis moi-même), qui ne parlent de cette affaire que pour cracher sur « les zadistes » et demander à ce qu’ils soient foutus en taule à coups de matraques.
– Sur la légalité, même remarque : j’évacue d’emblée cet argument facile que les personnes sus-citées ne manqueront pas de m’opposer, en leur rappelant quelques points sur lesquels ils sont d’accord avec moi pour dire que la loi n’est pas un repère fiable. Mon objet n’est absolument pas de rejeter le principe de la loi, qui est nécessaire à la vie en société, et non plus de lancer un débat – passionnant – sur « la loi ». On pourrait, mais ça nous sortirait du sujet du jour.
– « La terre n’est pas à celui qui la prend parce qu’il l’a choisi. »
C’est marrant, c’est exactement l’inverse de la conclusion d’un autre article que j’essaie d’écrire depuis plus d’un an 😀 Mais c’est dans un autre contexte. D’ailleurs, je l’ai dit dans mon point 4 : la question de la propriété privée est passionnante et se pose profondément dans cette affaire.
– « Les zadistes ont de plus largement joué de cette soi disant loi illégitime pour retarder judiciairement puis enterrer le projet d’aéroport. »
C’est l’habituel « T’es contre la modernité mais t’écris sur un blog avec un ordinateur, ce qui n’existerait pas sans la modernité ». Un peu léger : il faut se battre avec les outils qu’on a. Les royalistes ont raison d’utiliser la démocratie ; les anti-modernes ont raison d’aller sur Internet ; les zadistes ont eu raison d’utiliser la loi pour gagner leur combat.
– « En sens inverse la légitimité sans la loi soutient le bombardement en Syrie par nos missiles »
Non plus 😀 C’était illégal, illégitime et immoral. Mais ce n’est pas le sujet.
– « Plus largement il y a un manque de cohérence assez flagrant dans la démarche de la ZAD: j’ai droit à exploiter une terre qui ne m’appartient pas mais j’ai aussi droit aux aides de l’Etat et il doit m’aider à m’installer… »
Il ne me semble pas que tous les demandent d’un part. D’autre part, on peut aussi considérer que ces aides ne viennent qu’équilibrer les multiples freins dressés par le système actuel, sans que ça soit totalement absurde. Ce n’est pas la faute des zadistes si le modèle actuel rend quasi impossible le lancement d’une activité quelconque sans aides de l’État. C’est en cela que je peux écrire : « J’espère en un monde où l’État fera son boulot, tout son boulot et rien que son boulot. » Parce que je considère qu’aujourd’hui l’État fait tout sauf son boulot, et dépense notamment une énergie folle à compliquer la par tous les moyens possibles la tâche de ceux qui veulent faire quelque chose. Vous le dites vous-même : « et ce qui va avec: responsabilisation, frais à engager, impôts à régler ».
Je tique particulièrement sur cette histoire de « frais à engager », rapport à cette affaire où un paysan est condamné à rembourser les aides qu’il a reçues de l’État pour lancer son activité agricole, parce que l’État considère qu’il ne se paie pas assez. C’est-à-dire que l’État soumet ses aides à un résultat qui s’oppose par nature à ce que les zadistes recherchent : si ça ne produit pas assez, si ça ne dégage pas assez d’argent, alors vous remboursez. L’État depuis des décennies enferme les agriculteurs dans cette logique productiviste, qui les pousse à s’endetter pour s’agrandir, puis à s’agrandir pour rembourser leur dette, et ainsi de suite. C’est une des choses contre lesquelles « les zadistes » se battent, et moi avec eux. C’est pour cela, en partie, qu’ils ne peuvent accepter ce que demande l’État.
Cher Fikmonskov. Merci beaucoup pour votre réponse qui est toujours agréable à lire. Je partage bien votre point de vue sur le paradigme qui gouverne notre société et sa nécessaire évolution mais en effet je suis également en désaccord sur d’autres éléments.
Je trouve en effet trop léger (pour reprendre votre expression) de votre part d’écarter la question de la propriété ou de la loi. Les comparaisons réalisées me semblent également faciles : l’avortement, l’esclavage, le coup de matraque… Ok. Super. Ne manque que le point godwin si je peux me permettre (ne le prenez pas mal). En poussant la logique à l’absurde pourquoi user de force contre des modèles alternatifs comme le salafisme, ou le gauchisme qui manifestent à leur manière leur volonté de détruire la société libérale ?
La question du pourquoi d’une intervention est plus qu’essentielle et on n’est pas forcément un candaule libéral bourgeois à râler contre le gazage aux manifs pour tous et à être favorable à l’évacuation de la ZAD.
Ou du moins le débat est plus ouvert que vous ne semblez le dire au-delà des réflexes de quelques versaillais toujours anti-commmunards sans savoir pourquoi leurs ancêtres l’étaient 150 ans avant (pour reprendre l’exemple historique de la Commune dont le parallèle avec la ZAD actuelle me semble vraiment pertinent).
Le pourquoi c’est de savoir, et je vous rejoins, si l’on peut concilier un projet alternatif et d’autres impératifs tout aussi légitimes d’ordre public et d’intérêt général (qui ne sont pas forcément des gros mots de libéral), de rétablissement de propriétés privées, de retour à une forme d’ordre dont on ne m’a pas forcément démontré la totale illégitimité jusqu’à présent (même s’il y a des éléments à corriger et à combattre sans retenue et avec une grande ardeur). Faut-il accepter cette situation avec des gens dont vous et moi ne partageons pas de nombreux éléments de discours et d’action et de modèle de société ?
On peut dire oui (avec vos arguments par exemple), mais je ne serai pas aussi catégorique que vous à négliger les raisons avancées par ceux qui diraient non.
Je ne suis pas macronien pour un sou, mais il faut bien reconnaître que sur le coup la réponse gouvernementale est plutôt intelligente. On tient compte de la réalité et de votre projet, acceptez aussi de ne pas pouvoir tout obtenir (sur le point de l’acquisition des terres les zadistes ont d’ailleurs reculé, et je m’en réjouis).
Quand je parlais des charges, il ne faut pas entendre les exemples extrêmes que vous soulevez : Oui la fonction de l’État est souvent dévoyée. Oui, il y a des difficultés parfois insurmontables à monter son activité en France. Oui il y a une grande charge fiscale. Oui, on a trop souvent besoin de s’endetter. Mais oui aussi le bien commun impose une redistribution de l’usage des richesses, et ca peut passer par l’impot et certaines aides. Oui aussi exploiter une terre c’est en assumer les charges. Oui développer des projets peut imposer des risques et des investissements. Oui la loi peut être un instrument utile à l’agriculture (on peut par exemple critiquer la SAFER aujourd’hui sur certains points, mais elle a sans doute sauvé à son époque l’agriculture en France). On peut souhaiter une diminution des règles, des charges, de la nécessité de s’endetter ou des aides improductives. Je vous rejoins. Mais on ne peut, à l’image de ce que je lis de la ZAD, exiger qu’il n’y ait aucune contrainte, notamment celles liées au fait d’être propriétaire.
Entre tout et rien il y a un juste milieu que les zadistes ont tendance aussi à oublier. Un ami a fondé une ferme alternative il y a plus de 20 ans et il m’évoquait l’échec récurrent de très nombreux projets agricoles alternatifs (il les fréquente régulièrement), non pas forcément à cause d’un Etat très très méchant, mais plus en raison d’un refus de la réalité et d’une idéologie des porteurs de ces projets. Lui même est un pur réaliste et a parfaitement conscience de la fragilité de son modèle, au-delà des contraintes étatiques, financières ou autres qu’on évoque souvent. Il m’a fait relativiser pas mal de choses sur ces questions.
Pour vous rejoindre, et en même temps m’éloigner de vous, il y a, à mon sens, un danger bien plus grand que « l’identitarisme » dénoncé par certains grands clercs ou laïcs en vue. C’est celui de l’essentialisation (le terme est atroce mais je n’en ai pas d’autres) des sujets: le migrant c’est Jésus, le libéralisme c’est la cause de tous nos problèmes, l’Etat c’est le mal, les zadistes c’est des crasseux, la loi c’est un problème à évacuer, l’écologie est LE modèle de demain…On a tous des réflexes conditionnés sur certains sujets (moi le premier) et on a bien souvent du mal à appréhender le réel dans ce qu’il a d’agréable pour nos idéaux mais aussi de redoutable pour leur mise en oeuvre.
– Je n’écartais ces questions de légalité et de propriété que pour aller plus loin, pas une seule seconde parce que je les crois caduques, il me semble que c’est évident (et que je l’ai plus ou moins déjà écrit ;))
Non, bien sûr, la question de la légalité n’est pas à évacuer dans l’absolu, celle de la propriété privée non plus (je ne suis toujours pas communiste) : elles sont à poser de côté pour le moment, pour pouvoir arriver à la partie du texte que je pense encore plus importante, ET à laquelle on arrive jamais parce que certains s’arcboutent sur « C’est illégal !!!! » pour ne surtout pas se poser la question de « Pourquoi ils sont là, est-ce que ça serait pas un peu pour des bonnes raisons ? »
Même chose avec mes comparaisons, dans lesquelles je tiens à faire remarquer que OUI, il y avait un point Godwin 😀 Mais là aussi, j’ai choisi de faire caricatural parce que ce n’était pas le sujet, et je ne voulais surtout pas que ça le soit. C’était totalement volontaire et assumé, donc.
– Je réponds tout de même à ceci, même si j’ai bien compris que c’était absurde : « En poussant la logique à l’absurde pourquoi user de force contre des modèles alternatifs comme le salafisme, ou le gauchisme qui manifestent à leur manière leur volonté de détruire la société libérale ? »
Le salafisme parce qu’il veut notre mort, individuellement ET comme société. Ça suffit amplement. Et je ne suis pas contre « le gauchisme » dans son intégralité – j’appelle depuis longtemps sur ce blog à faire sauter le clivage gauche-droite – mais contre une bonne partie des questions soulevées qui me semblent absurdes, idéologiques voire dangereuses, et contre sans doute encore plus de solutions proposées.
Quand il y a danger pour l’ensemble de la société, je pense que celle-ci – via l’État, normalement, même si on peut se demander si celui-ci rempli bien ce rôle – doit user de la force pour neutraliser ce danger. Je ne suis pas du tout convaincu que la Zad soit un vrai danger pour la société. Pour une certaine forme de société, peut-être, sans doute, mais reste à prouver que cette forme de société est bonne.
– Pour tout le reste, je crois que nous nous rejoignons globalement. Et même totalement et sans réserve sur le danger de l’essentialisation des sujets.
Si j’ai donné l’impression d’essentialiser la Zad, ce n’était que pour prendre un contre-pied, pour amener le lecteur à faire la balance entre ce qu’il pensait avant de me lire et ce qu’il vient de lire, afin d’arriver je l’espère à une position plus mesurée, et donc a priori plus juste.
Je crois avoir assez combattu contre ce danger dans ces pages pour ne pas avoir besoin d’insister plus.
au gnouf les crasseux. Point barre.
Merci d’être passé.
sur le droit de propriété ,vous avez mis le doigt sur un truc
je me demande si les édiles successifs de Nantes vont être condamnés à rembourser le bakchich qu’ils ont reçu de Vinci
question d’importance, vous ne trouvez pas?
mais la poser c’est déjà y répondre,non?
qui a donné à Vinci la permission de bétonner?
qui a signé l’étude d’impact?
qui, ci devant maire de Nantes, incapable majeur ou peu s’en faut , s’est battu contre vents et marées pour que la bétonnisation des paysages s’accomplisse?