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Hier encore, la préfecture de police a décidé de se foutre de la gueule du monde, en n’annonçant que 150000 manifestants alors que la pelouse des Invalides a été remplie plusieurs heures par UN SEUL des trois cortèges, alors que les deux autres remplissaient l’avenue de Breteuil et l’avenue de Villars… L’objet de cet article n’est pas de débattre sur les chiffres, on a un tout petit peu dépassé ce point dans le débat à mon avis. D’ailleurs, l’annonce du million par les organisateurs n’a soulevé qu’un enthousiasme modéré : de toute façon, on était déjà baisés…

L’appel du 26 mai

Le chiffre de la préfecture de police circulait déjà dans les rangs vers 17 heures. Revenons à ce moment-là et imaginons ce qui aurait pu se passer si…

Si à la tribune, un porte-parole de la Manif pour tous avait prononcé plus ou moins ces mots :

« Chers amis, aujourd’hui encore le pouvoir a décidé de ne pas nous voir, et d’interdire au monde de nous voir. Le chiffre de 150000 personnes, selon la police, circule déjà dans la presse. Encore une fois, votre mobilisation est méprisée, bafouée, humiliée.

Chers amis, depuis des mois vous venez, souvent de très loin, à Paris un week-end par mois, pour témoigner de vos convictions. Vous n’êtes pas écoutés. Vous en avez assez, et nous aussi. C’est pourquoi nous annonçons dès à présent la fin de la manifestation. Vous pouvez vous disperser, de toute façon notre comptage ne sera pas écouté. Nous pourrions annoncer deux millions que ça ne changerait rien : la partie est jouée.

Nous vous proposons maintenant de profiter des deux heures qui vous restent avant le départ de vos cars pour aller visiter Paris : partez, en petits groupes d’une cinquantaine de personnes, avec vos drapeaux, vos sweats, vos pancartes, vos chants, partez visiter cette ville que vous n’avez vue ces derniers mois que sous l’angle de la manifestation. Aujourd’hui, pendant deux heures, soyez simplement des touristes.

Allez marchez le long de la plus belle avenue du monde, aller dire une prière à Notre-Dame, allez voir où se joue notre avenir à l’Assemblée, au Sénat, à l’Élysée, allez, vous êtes libres ! »

Des touristes interdits
de visiter Paris ?

Nous étions 150000, disent-ils. Nous aurions pu être 3000 groupes de 50 à visiter notre belle capitale. Ils étaient 4500 policiers, soit un policier et demi par groupe. Qu’auraient-ils pu faire contre nous, innocents touristes profitant de la ville avant de rentrer chez nous, comme on le voit souvent de CGTistes, drapeaux sous le bras, de retour de manif ? Auraient-ils pu tous nous arrêter pour nous demander de retirer nos sweats, de jeter nos drapeaux, de cesser nos chants ?

Ce n’est pas ce qui est arrivé. Comme à chaque fois, la manifestation officielle s’est terminée dans l’amertume, puis les plus chauds se sont injecté leur dose d’adrénaline face aux mobiles pendant que l’immense majorité rentrait chez elle, avec ce sentiment de rage muette au cœur. Manifester ne sert à rien, s’opposer aux mobiles ne sert à rien (et nous dessert même fortement), rien ne sert à rien.

Et si la prochaine fois, nous nous contentions simplement de venir à Paris pour faire du tourisme ? Tous ensemble, le même week-end, avec nos drapeaux, nos sweats, nos chants ? Un car de 50 touristes, ça se remplit facilement dans la plupart des moyennes villes de France. Et la Manif pour tous pourrait devenir une agence de voyage très efficace : elle commence à avoir un peu d’expérience dans le domaine…