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Mais qu’est-ce que tu vas faire de ta vie, petite conne ? Encore si jeune et déjà percluse de ressentiment, de rancœur, de violence larvée, de médiocrité, de bêtise. Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie ? Quel avenir nous promets-tu ? Oui, petite sale conne, dans quel marigot insalubre, dans quel bourbier pernicieux, dans quel marécage de pensée rance et écœurante vas-tu te mouvoir le reste de ta vie, toi qui au compteur de ton existence marque à peine vingt ans, toi qui il y a quelques jours, te croyant intelligente, imbécile, te croyant indocile, à un commissariat parisien, a affirmé, le militantisme en bandoulière, t’être faite agresser aux cris de « sale arabe », « sale gauchiste ».

Te rendras-tu compte un jour, pauvre petite idiote, de la connerie de ton geste, de la honte de tes paroles, de l’indignité de ta pauvre attitude. Sais-tu la désolation que ressentiraient en te voyant, incrédules et atterrés, tous ceux qui un jour se sont battus pour que dans les rues où tu marches, même celles des banlieues où tu n’es sans doute jamais allée, on puisse dire ces mots si simples, qui sont pourtant un programme, un objectif, un idéal, liberté, égalité, fraternité.

Au lieu de crier au racisme comme une pauvre petite conne que tu es, ouvre un livre, renseigne-toi : cherche les noms des vraies victimes du racisme, en France ou ailleurs, ça devrait t’ouvrir des perspectives. Puis penses trente secondes aux conséquences que ta fausse agression aura pour les victimes de vraies agressions racistes, qui ne seront pas crues parce qu’à force d’entendre crier au loup, le gendarme à la fin se lasse et croit que le loup n’existe pas. Ah ça, bien sûr, tes parents et tes camarades militants ne t’ont sûrement pas appris à penser. Tes parents et tes camarades militants semblent avoir une éducation sélective : ils t’apprennent à déposer de fausses plaintes sous le prétexte que tu es de gauche, mais ils semblent avoir des lacunes, et tu ignores tout de ceux qui sont les vraies victimes du racisme.

Je sais bien, pauvre petite idiote, que tu sais à peine de quoi tu parles. Je ne devrais pas m’énerver contre toi. Bien sûr, ce sont tes camarades militants les responsables et les coupables, qui te font croire que tous les moyens sont bons pour atteindre la fraternité universelle.

Mais tu sais que tu as le droit de te révolter ? De ne pas être d’accord avec eux ? La prochaine fois que tu auras l’envie d’aller dénoncer un crime raciste qui n’existe pas, reste chez toi, va à la piscine, fais du rugby sur béton, fais tes devoirs, ouvre un livre, même si tu veux le dernier Lévy, qui est aussi nul que les précédents…

Et puis le soir, va te balader dans le quartier de la Bastille, où il fait si bon se balader, sauf certains soirs d’élection présidentielle si tu as le malheur de porter un drapeau français. Ce qui n’est sûrement pas ton cas, pauvre petite conne, puisque tu es de gauche.

saut

Merci à François Morel d’avoir bien voulu m’aider à écrire ce texte. Pour ceux qui ne comprennent pas, il y a deux liens cliquables : un au début, l’autre à la fin. Merci de ne pas commenter avant de les avoir consultés, sous peine de dire de grosses conneries… (Ceci dit, comme la vie est bien faite, on pourra tout aussi bien les lire ET dire des grosses conneries. Génie de l’être humain.)

[Rajout le 15 novembre : François Morel consacre un nouveau billet à cette affaire, pour demander pardon à la jeune fille. C’est assez rare pour être signalé, même s’il y a des choses aussi à redire à ce billet. Quoi qu’il en soit, c’est un bel exemple de courage intellectuel, qui mérite d’être partagé.]