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Je ne serai pas à Paris – ni à Bordeaux – le 5 octobre, parce que je ne crois pas que ça serve à quelque-chose.

[Ajout le 30 septembre : après réflexion, je serai à Paris dimanche. Plus d’infos à la fin de cet article.]

On me répondra : « Une manif est un rapport de force, il faut être nombreux ». C’est vrai. Ce qui est moins vrai, c’est que défiler sur de la musique fun avec des drapeaux sympas et des slogans délires (ou pire, des slogans qui prouvent que certains n’ont pas bien compris contre quoi on luttait) n’est en rien une démonstration de force. La preuve en est que toutes nos manifs précédentes n’ont servi à rien, malgré le nombre : le « mariage » pour tous est passé, et la PMA et la GPA sont en train de passer, puisque la Justice accepte déjà d’en reconnaitre les fruits quand elles sont faites à l’étranger.

Alors maintenant, si on veut vraiment procéder à une démonstration de force, voilà ce qu’on fait.

On ne suit pas le joli parcours que la PP nous a donné, et qui nous mène tout droit vers une nasse où il sera facile de déclencher des débordements qu’on réprimera ensuite avec sévérité. Au contraire, on en sort le plus possible, de ce parcours, et on laisse la nasse vide.

Au lieu d’aller devant la tribune écouter les orateurs – ou discuter avec ses potes –, on va devant les ministères – éducation, intérieur et justice en priorité –, devant les loges maçonniques, devant les sièges des syndicats comme le Snuipp ou le Syndicat de la magistrature, par groupes de 100, 500, 1000, et on veille debout, jusqu’à la fin de la manifestation au moins, encore plus tard si on peut.

On peut aussi choisir d’aller parcourir les rues, là aussi en groupes, pour rencontrer les gens et parler avec eux de ce qui se prépare, du scandale de la PMA/GPA, de la violence que l’idéologie de l’indifférenciation des sexes inflige aux enfants dans les écoles, de la volonté du gouvernement de légiférer jusque dans la vie privée de chacun, ou de n’importe quel autre sujet qu’on maitrise un peu et qui est à même de faire réagir le badaud.

On peut aussi aller déposer des drapeaux ou des autocollants un peu partout dans Paris, voire des placards avec un texte fort imprimé dessus (on parcourra pour cela les textes lus par les Veilleurs, ou nos blogs favoris, en prenant soin de choisir des textes pas trop compliqués, mais sans se contenter pour autant de slogans, forcément réducteurs).

On peut organiser des lancers de ballons, des vols de drones, des chorales, des pièces de théâtre, des orchestres… tout ce qu’on veut pourvu que ça ne passe pas inaperçu auprès des Parisiens… et des touristes.

En bref, on rempli Paris de gens déterminés et joyeux (mais certainement pas festifs et conviviaux !), chacun agissant selon son charisme dans un seul but : défendre le plus faible – enfant nouveau-né ou à naître, handicapé, vieillard –, de tout ce qui le menace aujourd’hui et demain.

Faisons un petit calcul : imaginons que nous sommes 100000, soit 2000 groupes de 50 personnes. Lors de la dernière LMPT, ils avaient mobilisé 4500 policiers. S’ils en mobilisent autant, ça fait qu’ils n’ont, pour s’opposer à chaque groupe de 50 personnes, que 2,5 policiers. Que pourraient-ils faire, ces deux policiers et demi, face à 50 personnes déterminées, et ne violant par ailleurs aucune loi ?

Et quand bien même ils arriveraient à encercler l’un ou l’autre de ces groupes et à les pousser vers le Gav-bus, que pourraient-ils faire si les 50 membres du groupes montent joyeusement dans le bus, d’eux-mêmes, en continuant à chanter et à rire ? Rempliront-ils les commissariats de promeneurs innocents ?

Les policiers savent agir face à une foule en colère qui les agresse. Pire : c’est cette même foule qui, libérant leur adrénaline, leur fait oublier qu’ils sont dans l’ensemble plutôt d’accord avec les gens qui la composent et redevenir les robots qu’ils ont appris à être. Si cette foule, plutôt que d’agir comme n’importe quelle foule lors d’une manifestation, reste calme et polie et monte volontairement dans les fourgons, alors ils n’auront plus de poussée d’adrénaline pour obscurcir leur jugement, et faire leur devoir leur pèsera sûrement plus que lorsqu’ils peuvent se donner l’excuse de l’auto-défense.

Et le pouvoir, lui, commencera à faire des calculs et à cogiter. Et on promettra de recommencer la même chose autant de fois qu’il le faudra ; et on le fera, parce qu’une telle action n’exige aucune préparation, aucune location de matériel, aucune déclaration à la PP. Rien. Que de la volonté et de la détermination. Deux choses qui seront en plus renforcées par cette même action, parce qu’il est infiniment plus fort de veiller trois ou quatre heures debout, en silence, devant un lieu où se décide l’avenir de nos enfants ou de nos vieux parents, que de danser sur un char en agitant un drapeau.

Pour ça, je reviendrai à Paris tous les mois s’il le faut. Ceci est un engagement solennel.

[Suite de l’ajout du 30 septembre : je serai donc devant un lieu qui reste à définir. Je l’annoncerai sur Fb ou Twitter. Si vous voulez me rejoindre, vous serez bienvenus. Si vous voulez vous-même composer un petit groupe et aller quelque-part, foncez. Si vous avez des moyens de faire tourner l’information avant et le jour même, faites : si on est assez nombreux, ça pourra donner des idées au plus grand nombre pour la suite.]

[Ajout numéro 2 : on ressortira avantageusement des placards le plan de Paris concocté par mes camarades de Le rouge et le noir pour le 26 mai :

ONLR_BATAILLE_NAVALE_26_MAI-2Cliquez sur l’image pour l’agrandir et la sauvegarder. N’hésitez pas à l’imprimer, ça peut servir.]

[Ajout le 1er octobre : quelqu’un a produit cette carte, plus adaptée à cette manif-là. Même remarque que plus haut.]

carte[Ajout le 2 octobre : j’ai publié aujourd’hui un article précisant quelques points pratiques de la chose. N’hésitez pas à aller y jeter un œil en cliquant ici.]

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